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APPENDICE II.

conseil, rendait aveu en 1588 au seigneur de Bonnelles[1]. Bonnelles appartenait, au xvie siècle, à la famille de La Villeneuve. Au xviie siècle, M. de Bullion en était seigneur, et le fameux surintendant des finances y vint souvent avec une cour nombreuse. Au xviiie siècle, François-Emmanuel de Crussol, duc d’Uzès, réunit à ses grands domaines ceux de Bonnelles, de Bullion, des Bordes et autres lieux. M. le duc d’Uzès est encore aujourd’hui le propriétaire de Bonnelles. Après avoir traversé le village, dont l’église, bientôt reconstruite, est presque enclavée dans le parc, on passe devant la grille du château. Ne cherchons pas ici un antique manoir. La féodalité a disparu. Un château qui date de 1849 a remplacé l’ancien. Édifice monumental où la pierre, la meulière, la brique se mêlent harmonieusement, le château de Bonnelles est une des plus riches demeures modernes. Haut vestibule, dont l’armure à cheval d’un noble ancêtre garde l’entrée, salons immenses reliés par une serre magnifique à une salle à manger princière qui occupe tout le pavillon de droite : un grand luxe et un grand goût ont tout ordonné. Le parc, un peu découvert, laisse l’œil se reposer sur une vaste prairie où serpente un cours d’eau ; la campagne continue indéfiniment le paysage, et des bouquets d’arbres semés au loin encadrent des échappées sur les environs dont le château devient à son tour le point de vue.

Un peu au delà de Bonnelles est Bullion, l’ancien Bualone, qui faisait, au viie siècle, de ce côté, la limite extrême du « Pagus Stampensis »[2]. On l’appelait Boolun, Boolon[3] au moyen âge et jusqu’en 1618 on disait encore Boullon. Le nom de Bullion date du surintendant. La seigneurie de Bullion relevait de Magny-Lessart, près Chevreuse. On lui connaît des maîtres dès le xiie siècle. Au xve et au xvie siècle, elle était possédée par la famille de la Motte. C’est en 1611 qu’elle fut vendue à Claude de Bullion, seigneur de Bonnelles, etc., l’un des plus habiles ministres du grand siècle. Anne de Bullion, en épousant le duc d’Uzès, lui apporta la terre de Bonnelles[4].

Autour de Bullion plusieurs écarts méritent l’attention : la ferme des Carneaux, ancien manoir seigneurial, a conservé quelques constructions du xve siècle. Au hameau de Moûtiers, jadis paroisse et prieuré de bénédictins, dépendant de Saint-Arnoult, une grande chapelle dédiée à

  1. Voir les Arch. de Seine-et-Oise, E. 725-737. — Bissy appartient aujourd’hui à M. Desfontaines.
  2. Testament de Bertram, évêque du Mans, 615. — Guérard, polyptique.
  3. Bail de 1347, entre noble homme Thibault de Brouville et noble dame Agnès de Soysoy. — Arch. de Seine-et-Oise, E. 742.
  4. Voir l’aveu et dénombrement portant foi et hommage de la terre de Boullon, rendu par Jean de la Mocte, écuyer au seigneur de Magny-Lessart. — Les déclarations censuelles au profit de dame François de la Mothe, ve de Fr. de Vendosmois, sgr de Bullion, 1601 ; — au profit de Claude Bullion sgr de Brouville, Bullion, Ronqueux, Lonchêne, etc., 1616-1670. — Ibidem, E. 743-747.