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CHAPITRE III.

ainsi que l’écuyer et l’échanson, suivant toujours leur maître, se créaient peu à peu des intérêts dans un lieu que la cour aimait à visiter. — En novembre 1220, Pierre, abbé, et le couvent de Saint-Chéron de Chartres s’engagent à ne pas établir d’hôtes sur un arpent de vignes que Philippe a permis à l’église des Granges de posséder en perpétuelle aumône[1], — et en 1222 ce même Pierre abbé passe avec le roi un contrat d’un haut intérêt pour nos études, et que nous devons signaler dans ses détails.

Par une charte signée à Paris du 2 au 30 avril, Philippe fait savoir à tous présents et à venir qu’il a institué une chapelle dans son nouveau château de Dourdan et qu’il a concédé à l’abbé et au couvent de Saint-Chéron de Chartres qu’un de leurs chanoines du prieuré de Saint-Germain de Dourdan célébrât tous les jours les saints mystères dans ladite chapelle, à la condition expresse que ce célébrant prêtera serment de fidélité au roi et à ses héritiers possesseurs du château, et que le serment sera renouvelé à chaque mutation de chanoine. À ce chanoine sont assignées quinze livres de revenu sur la prévôté de Dourdan, payables moitié à la Toussaint, moitié à la Purification ; et s’il arrive au prévôt d’être en retard pour le payement, il devra au roi cinq sous d’amende par chaque jour de retard.

Nos lecteurs ont compris toute la valeur de ce texte : il contient une précieuse révélation sur la construction du nouveau château et sur l’importance qu’y attache le souverain en le dotant d’une chapelle et d’une fondation de messe perpétuelle. Notre historien de Lescornay a connu et cité cette charte ; mais, comme il le dit lui-même, sans l’avoir vue en forme. Aussi, sa version est-elle incomplète et inexacte, dépourvue surtout de cette curieuse mention du nouveau château. Le texte que nous offrons[2] a été soigneusement copié par nous à la bibliothèque impériale sur le manuscrit original de ce précieux registre connu sous le nom de registre F, qui contient, avec le registre E auquel il a prêté et emprunté tour à tour, les actes officiels de la chancellerie royale sous Philippe-Auguste, la reine Blanche et saint Louis.

Une autre pièce nous sert ici de contrôle.

Du 2 au 30 avril 1222, Pierre abbé et tout le couvent de Saint-Chéron s’engagent à députer un de leurs chanoines du prieuré de Dourdan, pour célébrer la messe dans la chapelle que le roi vient de faire nouvellement construire dans son château, et cela sous la condition précitée d’un serment de fidélité[3]. Les chanoines de Saint-Germain n’eurent certai-

    des Granges à cette époque ? — C’est l’origine du fief de l’Eschanson, sis à Dourdan.

  1. Trésor des Chartes, Chartres, II, 4, J. 172, Reg. 31, f. 61 bis, no 103.
  2. Pièce justificative II. — Bibl. impériale, fonds franc., no 9852, 3 (Colbert), f. 124 vo.
  3. Pièce justificative III, tirée du Trésor des Chartes, Chartres, II, 5, J. 172, reg. 31, fo 61 bis, no 101. — Citée par Teulet, I, no 1531.