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PROMENADE DANS LES DEUX CANTONS DE DOURDAN.

ferons le tour de son territoire en appuyant d’abord sur la droite, c’est-à-dire au levant, pour remonter et revenir par le nord.

Si l’on sort de Dourdan par l’ancienne porte Saint-Pierre, aujourd’hui porte de Paris, et le carrefour de la Croix-Rouge, on voit bientôt la vallée se rétrécir. Quand on a laissé à droite les dernières prairies de Dourdan et les dernières pentes des Jalots, qui forment promontoire en face de Dourdan et semblent vouloir fermer la vallée de ce côté, on retrouve le cours de l’Orge qui serpente entre deux versants presque parallèles et descend lentement, cotoyée par la route départementale et par le chemin de fer. La première commune qu’on traverse, à 2 kilomètres de Dourdan, c’est Roinville, qui doit à sa position le nom de Roinville-sous-Dourdan. Roinville, désigné sous le nom de Roinviletta dans un pouillé du diocèse de Chartres de la seconde moitié du xiiie siècle[1], ne comptait, suivant ce pouillé, que cinquante-sept feux. Son église, dont la nef surbaissée a été augmentée d’un chœur élevé, à voûte réticulée, avait dès lors pour patron saint Denis dont la fête d’automne amenait, suivant un ancien usage, les paroissiens de Dourdan qui venaient chercher ce jour-là à Roinville l’office du soir et les premières châtaignes de l’année. Roinville était une seigneurie et sa censive s’étendait jusque sur une partie de la ville de Dourdan. Les seigneurs du Marais étaient seigneurs de Roinville et en prenaient le titre. L’un d’eux, Philippe Hurault, fit bâtir en 1613 le petit château de briques qu’on voit encore près de l’église, désigné alors dans les aveux par ces mots : Pavillon couvert d’ardoise, cour avec fontaine au milieu, cour, basse-cour, avec quatre tourelles aux coins, jardin, parterre, basse-cour et jardin joints à la consistance de la ferme de Châteaupers. On lit encore l’inscription suivante sur la façade de ce pavillon qui servait de rendez-vous de chasse au Marais :

Si ceste maison ne te plaist,
Sans m’en désigner de nouvelle.
Laisse-la moy telle qu’elle est,
Et fais la tienne plus belle.

Roinville fut ravagé par la peste en 1632. Quarante personnes environ périrent presque en même temps de la contagion dans le village. Un incendie violent y éclata le 11 août 1719.

Plusieurs fiefs fort anciens dépendaient de la paroisse de Roinville et existent encore aujourd’hui, à l’état de fermes ou de hameaux, sur les deux plateaux qui dominent la vallée au-dessus du village. Sur le plateau de gauche, la ferme de Châteaupers rappelle un lieu seigneurial. Le haut bâtiment à pignon aigu qui lui sert de grange et se voit de loin à l’horizon est un reste de l’ancien manoir. Le fief de Châteaupers, autrefois appelé « les Cremaux » et dépendant de la paroisse Saint-Pierre de

  1. Cartulaire de Saint-Père de Chartres, Guérard, 1840, in-4o, t. I.