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DOURDAN AU XIXe SIÈCLE.

à la saine morale et aux pratiques de la religion chrétienne. » Le premier couronnement d’une rosière eut lieu en juin 1823. Une jeune ouvrière de la filature de Grillon, mademoiselle Cocheteau, recueillit tous les suffrages. Solennellement conduite, en grand cortége, le dimanche de la Trinité, elle fut reçue au Parterre par le sous-préfet et les autorités de la ville. Le maire, après un discours, la mena en procession à l’église. Une foule immense se pressait au dedans et au dehors ; deux cents jeunes filles en blanc escortaient leur compagne. En face la chaire, où un sermon fut prêché, une estrade était dressée pour madame la baronne Auguste Lebrun. C’est elle qui déposa sur la tête de la rosière la couronne de roses blanches bénite à l’autel. Vis-à-vis, le vieux duc de Plaisance, octogénaire, assis, aimable et souriant, près d’une charmante quêteuse, mademoiselle Guenée-Guerrier, donnait, avant de mourir, à la population de Dourdan, le dernier témoignage d’une fidèle sympathie. L’après-midi, deux cents ouvriers de la filature, avec musique et bannières, vinrent offrir à la rosière une chaîne d’or ; des jeux, des illuminations, des bals au Parterre retinrent la foule jusqu’à la nuit.

Tel est encore aujourd’hui le programme de la fête qui, chaque année, le dimanche de la Trinité, attire à Dourdan un grand concours. C’est maintenant la première des fêtes de Dourdan, et, depuis bientôt un demi-siècle, modestes et sages rosières, riches et nobles couronnantes, joyeux et brillants cortéges n’ont jamais manqué à cet anniversaire de la vertu. La mémoire de M. Michel est en grand honneur à Dourdan, et quand on sait la salutaire émulation des futures rosières et les mérites persévérants des rosières passées, on ne peut s’empêcher de bénir l’homme dont une bonne pensée encourage tant de bonnes actions[1].

Le 26 février 1826, M. Denis-Aubin Boivin, qui avait puisé dans le notariat une connaissance approfondie des affaires, et dont l’expérience et l’éminent bon sens avaient déjà rendu à Dourdan plus d’un service, fut installé comme maire, et depuis, plusieurs fois réélu. Conseil et ami du duc de Plaisance, il fut honoré de la part de ses concitoyens d’une confiance qui fit sa force dans les années difficiles qu’il dut traverser. La révolution de 1830, avec les malaises et les agitations qui en furent les symptômes et les conséquences, l’invasion du terrible choléra de 1832, qui fit à Dourdan un grand nombre de victimes et eût pu faire des séditieux, s’opérèrent sans fâcheuse secousse. À cette période se rattachent la délimitation des territoires de Dourdan et de Saint-Arnoult, — l’annexion de la forêt au territoire de la commune de Dourdan, — la reconstruction complète de la halle (1836)[2].

  1. On trouvera à la fin de ce livre la liste des quarante-sept rosières qui se sont déjà succédé à Dourdan. Nous avons voulu leur rendre cet hommage et conserver des noms modestes mais estimés de tous, qui sont aujourd’hui, pour la plupart, ceux de vertueuses filles ou de dignes mères de famille. — Pièce justificative XXIV.
  2. La nouvelle halle de Dourdan fut adjugée pour 27,963 fr. à M. Pommier, entre-