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DOURDAN EN 1789.

Dourdan trouva également dans son député du tiers un représentant toujours digne, laborieux et modéré. Laissant à de plus ardents les discussions politiques qui s’agitaient dans les États-généraux devenus Assemblée Constituante, Lebrun ne parla que sur la question des biens du clergé et des assignats contre la majorité. Membre du comité des finances, il en fut souvent le rapporteur.

Une nouvelle division territoriale de la France venait de détruire toutes les anciennes circonscriptions administratives (1790). Les généralités, les élections avaient fait place aux départements et aux districts : ce fut pour Dourdan le moment d’une grande et légitime inquiétude. Chef-lieu d’élection, désigné comme tel à devenir chef-lieu de district, Dourdan se voyait trompé dans son espérance et sacrifié à des intérêts rivaux. Un mémoire éloquent et énergique en faveur de la ville menacée fut présenté à l’Assemblée et nous en extrayons ce qui suit :

« La ville de Dourdan et soixante paroisses qui l’avoisinent viennent offrir à l’Assemblée Nationale l’hommage de leur soumission et le tableau des malheurs qui les menacent… C’étoit à Chartres que l’ancien ordre de choses sembloit devoir les rattacher, et, dans le département de Chartres, Dourdan devoit avoir, par nécessité autant que par convenance, un district et un tribunal de justice. Il en a été arraché pour être jeté dans le département que des convenances, non pas de situation, non pas de commerce, mais de malheur et de calamité, ont destiné à Versailles… »

Dans ce déplacement, Dourdan conservait l’espérance d’avoir son district et sa justice. Mais Rambouillet, un simple bourg à 4 lieues de Dourdan, séparé de lui par des bois, des vallées et des déserts, prétend avoir un district et le vœu du roi le favorise. Or, que l’on rattache Dourdan à Rambouillet avec lequel il n’a aucun lien de commerce ni d’intérêts, ou qu’on le rattache à Étampes, il est également détruit. « Sans doute, l’anéantissement d’une ville, la dépopulation de son territoire ne seront rien pour ces politiques géomètres qui ne voyent dans un royaume que des lignes et des surfaces, qui, avec un quart de cercle inexorable, distribuent la misère et les prospérités… Un seul moyen peut tout sauver : que Rambouillet ait son district et que Dourdan ait le sien. Ce district conservera les paroisses qui lui étoient attachées par leurs habitudes et par leurs intérêts, et une population de plus de trente mille citoyens, qui payent plus de 400,000 livres de contributions directes, une manufacture précieuse et qui doit le devenir davantage, ne seront pas sacrifiées ![1] »

Dourdan obtient son district avec un directoire chargé de l’administrer. La municipalité s’organise pendant l’automne de 1790. M. Roger, un instant maire, cède sa place à M. Peschard qui figure sous ce titre

  1. Mémoire pour Dourdan et 60 paroisses qui l’environnent — sans nom ni date. Bibliothèque Impériale. LK7, 2529.