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INDUSTRIE ET COMMERCE.

en faculté de médecine ; sous Louis XIV, Jacques Boudet, maître chirurgien, commis du premier médecin de sa majesté pour les rapports ; Jean de Cescaud, honoré du même titre ; Bernard de Laval, beau-frère de Pierre Le Camus, etc. Au siècle dernier, MM. Richard et Talibon se partageaient la clientèle avec un troisième confrère. Il s’était établi des concurrents dans plusieurs paroisses. Les visites au dehors étaient fort pénibles, à cause du mauvais état des chemins. Les plus pauvres personnes, « outre le gîte et la nourriture, » donnaient 12 livres. C’est ce minimum qui fut payé par l’intendance pour chacun des soixante-sept voyages faits en 1755, lors de l’épidémie de Guillerval et de Monnerville. Les médecins l’avaient bien gagné : ils avaient dû faire nombre d’états et de rapports sur la contagion, sur les médicaments et les bouillons qu’ils avaient distribués au nom de l’État. L’Hôtel-Dieu et les « charités » les occupaient beaucoup. Les règlements étaient sévères et les bénéfices assez restreints[1].

Les Barbiers-Perruquiers végétaient et se nuisaient les uns aux autres. En 1700, on comptait un seul perruquier à Dourdan ; il y en avait cinq en 1745 et sept en 1768. Deux d’entre eux, toutefois, avaient un garçon.

À côté de ces corporations régulières, enchaînées par des statuts et garanties par le privilége, s’exerçaient à Dourdan les autres commerces demeurés libres et les autres industries de première nécessité. Les Hôteliers-marchands de vin tenaient le premier rang. Nous avons, au chapitre de la « Ville, » lu en passant leurs nombreuses et antiques enseignes. Le métier, paraît-il, n’était pas mauvais, et les maisons se multipliaient rapidement au siècle dernier. « Il y a vingt cabaretiers-aubergistes, disait le rapport à l’intendance en 1745, mais il n’y a que cinq auberges en règle ; les autres sont des bouchons. Ils achètent leur vin aux vignerons du pays. » En 1768, le nombre des hôteliers était de dix et celui des cabaretiers de trente et un[2]. Bien que n’ayant pas jurande, ils étaient astreints à des droits pour les offices de contrôleurs, inspecteurs, etc., et ils avaient voulu des armoiries. Leur bannière, toujours bien suivie, portait : tiercé de vair, de sinople et d’azur.

Les Poissonniers (qui le croirait aujourd’hui ?) étaient nombreux jadis à Dourdan. Sous Louis XIII, la halle avait « huit estaux de poissonnerie. » Ce n’était pas la rivière d’Orge qui les défrayait, mais bien les « étangs du roy, » et le domaine percevait des droits sur la vente de ce poisson. — Les « Poulasliers réunissaient le commerce de « saline et marée » à celui des œufs et du beurre. — Les Jardiniers, au nombre d’une trentaine, et les Fruitiers, exploitaient le terrain autour de la ville, et comme le peuple vivait surtout de légumes, les jardins étaient d’un assez bon produit ; chaque arpent était taxé à 4 livres de taille,

  1. Voir le Chapitre de l’Hôtel-Dieu.
  2. Rôle des tailles de la ville.