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CHAPITRE XXIII.

de combattre. Que ce soient Bourguignons ou Armagnacs, Anglais ou Français, royalistes ou ligueurs, armées du roi ou de la Fronde, Dourdan ne manque jamais d’être pris et repris comme entrepôt agricole, comme « pierre au laict de la capitale, » comme centre d’approvisionnement « d’où les Parisiens ont de tout temps soulé tirer une partie de leur nourriture. »

À l’époque où nous sommes parvenus, c’est-à-dire à celle qui prépare le régime moderne et qu’il est intéressant d’étudier dans ses détails, le marché de Dourdan nous apparaît plein de mouvement et de vie, mais sous le coup de terribles menaces de perturbation et de décadence. Des vices locaux dans l’entretien des communications, des concurrences occasionnées par de nouveaux marchés, une suite de disettes dues aux rigueurs du ciel ou aux fautes des hommes, des troubles apportés par l’esprit nouveau et de nouvelles lois dans les antiques traditions de la routine et du monopole, des orages nés des premiers souffles d’une envahissante liberté, donnent une physionomie agitée, souvent douloureuse, à des transactions qui, malgré leur caractère pacifique, ont, de tout temps, emprunté quelque chose d’inquiet aux exigences de l’appétit humain et aux impatiences de la faim.

Si nous consultons les documents laissés par l’intendance, cette administration tout à la fois centrale et locale, et nous ne parlons pas seulement ici des mémoires généraux des intendants, mais de la correspondance quotidienne et permanente de la subdélégation de Dourdan avec les intendants d’Orléans, nous voyons que le marché de Dourdan est toujours, à la fin du xviie siècle, avec Saint-Arnoult et Rochefort, le seul marché d’une élection qui embrassait soixante-sept paroisses presque toutes uniquement agricoles. Bien qu’il faille tenir compte de l’intérêt qu’un certain nombre de ces paroisses situées aux limites de la circonscription avaient à fréquenter les marchés d’Étampes et de Janville pour des raisons de voisinage, ou même celui d’Orléans pour quelques avantages de circonstance et de spéculation, c’est à Dourdan, chef-lieu de l’élection, centre fiscal et judiciaire, siége de l’administration et de la police, plus tard de la gabelle, que les cultivateurs et laboureurs, en même temps que les marchands et commissionnaires, trouvaient à la fois le plus d’avantage, d’occasion, de garantie et de commodité à se rendre. C’est donc à Dourdan que la plus grande partie des grains produits par l’élection aboutissait pour se répartir suivant les besoins de la région ou trouver un débouché extérieur.

Nous avons recherché quelle pouvait être durant la période que nous étudions la moyenne de la production, de la consommation et de l’exportation de cette élection, et voici les renseignements que nous avons trouvés à ce sujet :

Blé. — L’élection contient environ 100,000 arpents de terres labourables, dont un tiers chaque année se repose, un tiers est ensemencé en