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L’HÔTEL-DIEU

et les convenances spéciales avec l’harmonie de l’ensemble et la dignité de l’aspect. Les façades simples mais correctes, les larges escaliers intérieurs, le portail solide et sévère de l’entrée, la décoration du fond de la chapelle et de l’autel, semblent plutôt inspirés de l’époque de Louis XIV que de celle de Louis XV, et bien des villes de dix mille âmes envieraient à Dourdan la grande et belle tournure de son Hôtel-Dieu[1].

À peine inauguré, le nouvel hospice vit affluer dans ses murs la population souffrante pour laquelle il était fait, car jamais peut-être la misère ne fut plus grande à Dourdan que dans les dernières années de l’ancien régime. Tout ce qui concerne le paupérisme et la charité trouve naturellement sa place dans ce chapitre : nous n’oublierons pas de mentionner, à côté de l’Hôtel-Dieu de Dourdan, les confréries charitables de ses paroisses et l’organisation des secours au profit des indigents.

Les confréries de charité, les Charités, comme on les appelait, instituées vers 1618 par saint Vincent de Paul, se répandirent rapidement dans le diocèse de Chartres. Le 29 juin 1663, maître Louis Rivet, prêtre de la Mission, en vertu de pouvoirs conférés par Mgr de Neuville, et du consentement des habitants, fonda une charité dans chacune des deux paroisses Saint-Germain et Saint-Pierre de Dourdan « pour honorer le Seigneur Jésus-Christ et sa sainte Mère et pour assister les pauvres corporellement et spirituellement. » Les règlements de ces charités, qui sont le point de départ de notre bureau de bienfaisance, se résument ainsi : La compagnie se compose de femmes et filles autorisées par leurs maris ou leurs parents. Elle a pour supérieur perpétuel le curé, et se nomme tous les deux ans, le lundi de la Pentecôte, une dame présidente, et deux assistantes dont l’une tient les comptes et l’autre le garde-

  1. Posée en mai 1767, la première pierre reçut cette inscription : « Du règne de Louis XV le bien-aimé, l’an 1767, cet hôpital a été reconstruit sous l’administration de MM. Roger, président et lieutenant général du bailliage ; — Crochart, avocat et procureur du roy ; — Desouches, prieur-curé de Saint-Germain ; — Delafoy, curé de Saint-Pierre, administrateurs-nés ; — Curé, lieutenant des eaux et forêts ; Sénéchau, écuyer, contrôleur des guerres, administrateurs électifs ; — et sous l’économat du sieur Méhudin, et la direction et inspection du sieur Petit. »

    Un nouvel alignement avait été donné. Isolé de trois côtés, l’hospice s’ouvrit comme jadis au midi, presque en face des halles ; mais le grand corps de logis, au lieu de s’élever sur la rue, fut reporté sur perron au fond de la cour et distribué en vestibule, escalier, cuisine, parloir, réfectoire, pharmacie, salle de conseil, avec infirmerie, dortoir et lingerie au premier étage. À main droite, une grande aile contenant, au rez-de-chaussée et au premier, deux salles de malades avec dépendances, se termina par la chapelle, dont la sacristie forme, avec un pavillon parallèle, l’entrée de la cour. L’aile de gauche, sur l’emplacement de laquelle s’élevaient une grange et des habitations enclavées, fut ajournée. Derrière, au nord du corps principal, le jardin demeura bordé au levant par des bâtiments de service, et sur la rue Neuve par l’ancienne maison et le petit jardin du chapelain.

    La dépense, retrouvée sur un compte, monte, pour ce qui concerne le grand bâtiment, du 1er mai 1767 au 1er février 1769, à 29,122 livres. (E. 7. 2.)