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CHAPITRE XIX.

affirme encore par un acte de délibération la reconnaissance des Dourdanais. Un service solennel en est le dernier hommage lorsque la princesse meurt. Par son testament, elle avait légué une somme de 3,000 livres à l’Hôtel-Dieu, mais ce testament, annulé par le parlement, n’est pas exécuté. C’est sans doute pour remplir les intentions méconnues de la mère, que le fils, Gaston de Médicis, grand duc de Toscane, fait don à l’hospice, en 1724, de pareille somme de 3,000 livres[1]. Du reste la maison d’Orléans demeure fidèle à l’œuvre qu’elle protège et les ducs d’Orléans paient chaque année, sur leur cassette, jusqu’en 1793, une « gratification » de 500 livres à l’Hôtel-Dieu de Dourdan.

Le xviiie siècle suivit l’exemple du xviie, et une foule de donateurs, de leur vivant ou après leur mort, laissèrent des biens ou des rentes à l’hospice régénéré. Une grande table de marbre, récemment inaugurée dans la chapelle actuelle par les soins des administrateurs, rappelle les noms et les bienfaits qui, pour la plupart, n’imposaient d’autres charges que des messes et des prières. Nous y renvoyons ceux qui aiment à s’inspirer des souvenirs du bien et nous nous contenterons, après avoir cité quelques noms, comme ceux des époux Thévard, familles de Lescornay, Duchesne, Guerton, Guyot, Grugeon, Lenoir, Le Camus, veuves Hervé, Delbée, Juffraut, demoiselles Bigé, etc., de donner une mention spéciale à un généreux testateur, Jean-Louis Poussepin, ancien officier de la reine, lieutenant de l’élection de Dourdan. Par une disposition du 18 novembre 1786, il légua à l’Hôtel-Dieu tous ses biens dont la valeur peut être estimée à 80,000 livres, et c’est à peine si les formalités nécessaires pour la régularisation de ce legs important étaient terminées quand éclata la révolution[2].

C’est l’administration du xviiie siècle qui a doté la ville de Dourdan de l’édifice hospitalier que nous possédons et admirons aujourd’hui.

Vers 1760, préoccupés du mauvais état des anciennes constructions et de leur insuffisance pour les nouveaux services, encouragés par l’état prospère des finances de l’établissement, les habitants furent d’avis d’en réédifier au moins une partie. L’étude fut confiée à des hommes habiles ; plusieurs projets et devis furent présentés et la reconstruction totale fut résolue. L’architecte Petit, chargé de l’exécution, sut concilier l’économie

  1. On lit dans un ancien inventaire : « S. A. R. Mgr Jean Gaston de Médicis, grand duc de Toscane, a donné à l’Hôtel-Dieu de Dourdan, par les mains de Mre Jacques-Antoine Penneti, son secrétaire substitué en France, la somme de 3,000 livres, pour être employée en fonds d’héritage ou rente, pour l’exécution et entretien de la fondation faite par ledit seigneur grand-duc de Toscane par reconnaissance à la mémoire de S. A. R. madame Marguerite-Louise d’Orléans sa mère, par acte du 7 novembre 1724. » — Archives de l’Empire, O. 20250.
  2. Dans les neuf années, de 1754 à 1762, les revenus de l’hospice sont, en moyenne, de 6,500 livres et les dépenses de 6,000 livres. De 1786 à 1792, c’est-à-dire après le legs de M. Poussepin, ils s’élèvent à 14,000 livres environ, qui représentent peut-être 25,000 francs d’aujourd’hui.