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CHAPITRE XIX.

Il y a dix lits pour les hommes, dix pour les femmes et six pour six petites orphelines. « On a soin de faire confesser et communier les malades aussitôt arrivés, et prier Dieu soir et matin, et faire quelques lectures spirituelles. » Quant aux petites orphelines, elles ont la prière, la messe, le catéchisme, le chapelet sur les cinq heures et le travail de bas de soie.

Les trois sœurs de la charité de Saint-Lazare, dont une est supérieure, sont sous l’administration temporelle de sœur Louise Texier, représentée par M. Le Camus, et sous la direction spirituelle du prieur de Saint-Germain.

Le revenu fixe ne monte guère qu’à 1400 livres de rente, en 53 parties. Le peu de biens qu’il y a à l’Hôtel-Dieu n’ont été aumônés que depuis cinq à six ans, grâce aux soins et à la charité du duc d’Orléans et de Mme  la Grande-Duchesse. Les dépenses montent ordinairement à 4 ou 5,000 livres.

Les bâtiments ont leur principale façade sur la rue ; au-dessus de la porte sont les armes de Son Altesse le duc d’Orléans[1]. Le grand corps de logis, couvert de tuiles, a neuf toises de toutes faces. En bas, sont la chapelle, la sacristie, l’oratoire, la salle des femmes, la cuisine, le réfectoire et trois réduits occupés par des particuliers ; au-dessus, la salle des hommes, l’apoticquairie, un galetas et des greniers. Un passage mène, à travers ce logis, de la rue à la cour. La cour est de même largeur avec un puits et un petit parterre. Un corps de logis peu confortable où habitent les sœurs en fait le fond. Un petit salon forme appentis d’un côté ; de l’autre, une masure sert d’étable aux vaches. Derrière est le jardin, de même largeur, agrandi de quelques récentes acquisitions, où s’élève un vieux bâtiment. On n’a pas oublié les armes de la Grande-Duchesse, bienfaitrice de la maison ; elles sont dans la cour, sous un cintre soutenu par deux pilastres.

La chapelle, modeste mais parée, reçoit de la Grande-Duchesse, en 1695, son plus précieux ornement : la châsse de saint Félicien, martyr. Ces reliques, qui ont appartenu au cardinal Piccolomini et ont été en grande vénération à Florence, sont envoyées de Toscane et solennellement reconnues par le curé de Saint-Chéron, official. Une fête le troisième dimanche de septembre, une octave, une exposition publique, les processions des paroisses voisines sont autorisées par l’évêque, et saint Félicien devient un des patrons les plus vénérés de Dourdan[2]. L’année suivante, l’exemple de la princesse est suivi par le sieur Besnard,

  1. Dépense de 1685 : « 52 liv. 6 sols 6 den. pour les armes de S. A. R. Monsieur, qu’on a fait placer au-dessus de la grande porte, pour marquer à la postérité la reconnoissance des charités qu’il a plu à Son Altesse Royale faire pour le rétablissement et entretien de cette sainte maison. »
  2. C. 1. — À la demande des habitants, une confrérie est érigée sous le nom de