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L’HÔTEL-DIEU

6o Lesdits biens ne relèvent d’aucun seigneur et ne sont chargés d’aucune dîme ou champart.

7o Il y a vingt ans (1674), le sieur de Neuville a fait démolir un vieux bâtiment contenant deux petites chambres et un vestibule.

L’enquête finie, on se transporte sur les lieux. La chapelle, de 50 p. de long sur 20 p. de large, est en bon état. Des trois portes qui y sont pratiquées, une est fermée ; c’est celle de l’ancien jardin attenant au bâtiment des lépreux, par laquelle ils entraient dans leur place réservée. Au-dessus de l’autel, monsieur le chanoine avise un tableau représentant un enfant Jésus, qu’il condamne à être voilé. Dans cette chapelle, on célèbre annuellement le service de saint Laurent la veille et le jour de la fête, et le prieur de Saint-Germain y vient processionnellement et y fait l’office. On y célébrait naguère la messe au moins tous les mois.

Sur la dernière question, à savoir s’il serait utile de rétablir l’hospitalité dans cette maladrerie pour les pauvres de Dourdan, il est répondu d’une commune voix qu’il vaut mieux l’unir à l’Hôtel-Dieu avec celles de Sainville, Auneau, Ablis, Saint-Fiacre près Saint-Arnoult, Gallardon, la Madeleine de Rochefort[1].

Deux ans après, comme nous l’avons dit, cette réunion s’opérait et ordre était donné de déposer à l’Hôtel-Dieu tous les titres et archives de Saint-Laurent. Malheureusement, ils n’existaient plus.

Revenons à l’Hôtel-Dieu et rentrons-y à la suite de messire le chanoine Broussard qui y continue sa visite et son enquête ; nous profiterons des renseignements qu’il recueille et nous saurons exactement l’état des choses en l’an 1694[2].

L’hiver a été très-rigoureux et l’on compte dans la ville 800 pauvres mendiants et plus de 40 malades, tant à l’Hôtel-Dieu que dans les maisons particulières. L’année est exceptionnelle, car en général le chiffre est d’environ 100 pauvres mendiants et 20 malades, partie desquels sont entretenus « tant bien que mal » aux dépens de l’Hôtel-Dieu ; les autres aux dépens de la charité dudit lieu et des quêtes faites journellement par les dames de Dourdan. C’est le seul hôpital, paraît-il, entre Paris et Chartres ; de là son encombrement. On y reçoit les compagnons de métier, les serviteurs et servantes de la ville, les gens qui viennent pour faire la moisson ou façonner les bois, les hommes et les femmes des villages de la dépendance du comté de Dourdan, et surtout les soldats qui logent en garnison ou demeurent malades sur les routes[3].

  1. B. 31. 3.
  2. Idem.
  3. De novembre 1685 à avril 1686, le premier bataillon du régiment de Navarre tient garnison à Dourdan et fournit à l’Hôtel-Dieu 721 journées de malades, pour chacune desquelles l’aide-major paie 4 sols et le trésorier de l’extraordinaire des guerres 3 sols 6 deniers. La même année, année des terribles dragonnades, des dragons en passage restent malades à l’hospice.

    Du 6 au 24 août 1687, le régiment de Soissons a 150 journées à payer, etc.