Page:Chronique d une ancienne ville royale Dourdan.djvu/270

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
254
CHAPITRE XIX.

pourvue du bénéfice par lettres-patentes du 30 juillet 1635 et le possède pendant trente-huit années. Toutefois, un grand changement se prépare et s’opère. Saint Vincent de Paul, en 1633 a fondé son admirable institut des servantes des pauvres. Dourdan sera une des premières villes à jouir du bienfait. Mademoiselle de Marillac, veuve de M. Legras, secrétaire de la reine Marie de Médicis, est la collaboratrice de saint Vincent de Paul et la première supérieure des filles de la Charité ; elle connaît Dourdan, où elle a sans doute accompagné sa royale maîtresse, et lorsque la reine Anne d’Autriche, devenue à son tour, en 1643, dame de Dourdan, sollicite pour l’Hôtel-Dieu de cette ville trois sœurs de monsieur Vincent, elle les obtient sans difficulté, et, dans la liste des fondations de l’ordre, Dourdan figure dès l’année 1648[1]. L’occasion de déployer leur dévouement ne se fait pas attendre pour les sœurs de Dourdan. Quatre ans après, éclate la guerre de 1652. Le siége d’Étampes, le pillage du territoire de Dourdan, la famine suivie d’une épouvantable peste, en réduisant la population à la dernière misère, encombrent l’hospice de malades et de mourants. Nous avons dit ailleurs le triste état de notre contrée à cette époque, la présence de saint Vincent de Paul, accouru pour organiser des secours, et conjurer à la fois deux fléaux, la mort et la faim. C’est sans doute à l’Hôtel-Dieu de Dourdan qu’il séjourna, tandis qu’il disposait dans les environs ses charitables batteries, les marmites de Saint-Arnoult, de Villeconin, etc.

La reine Anne d’Autriche fut plus d’une fois témoin des vertus et des peines des pieuses filles de Dourdan. Elle leur donnait chaque année, sur sa cassette, 300 livres. Les revenus de l’Hôtel-Dieu, encore réduits par la misère des temps, étaient insuffisants et se trouvaient absorbés, en grande partie, par le bénéfice de sœur de Frontenac, qui n’avait pas cessé d’en jouir. Cette sœur mourut en 1678, et les collateurs eurent le bon esprit, sinon de supprimer le bénéfice, du moins de l’accorder à une sœur de la communauté des filles de la Charité. Sœur Louise Texier, pourvue en 1678, entra immédiatement en jouissance et fit faire un procès-verbal de l’état des lieux et des réparations nécessaires au grand corps de logis, à la chapelle « étayée et menaçant ruine, » à la maison de la rue Neuve, etc. Comme elle ne résidait pas à Dourdan, elle envoya une procuration à un honorable et charitable bourgeois de la ville, M. André Le Camus, « conseiller du roi, substitut du procureur du roi au bailliage du Louvre et arsenal de Paris, pouldres et salpestres par tout le royaume, » qui fut, vers ce temps, prié de s’occuper de la

  1. Vie de madame Legras, par M. Gobillon, curé de Saint-Laurent. — Paris, Dehansy, 1759.

    L’hospice de Dourdan garde, comme une sorte de relique, une belle lettre autographe de M. Vincent Depaul à la sœur Legras, datée de 1640, où il lui parle d’affaires de communauté, et surtout l’engage à soigner sa santé, avec une bienveillance et une simplicité charmantes. — Une lettre de madame Legras lui sert de pendant.