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CHAPITRE XIX.

des dernières années pendant lesquelles la royauté posséda directement et fréquenta Dourdan ville de son domaine ; Philippe le Bel, dès 1307, l’ayant engagé comme apanage. Le souvenir, au moins oral, d’un établissement dû à un fils de saint Louis, s’était sans doute conservé du temps de Louis XIII, car des lettres patentes de ce monarque, du 8 mars 1618, déclarent que l’Hôtel-Dieu de Dourdan est de fondation royale. Ce qu’il y a de certain, c’est que, dès 1340, dans le rôle des cens dus à l’abbaye de Longchamp, nous trouvons cette mention : « l’Oustel-Dieu, pour sayre (sa aire) de la Saucoye et pour sa noue, 14 deniers ; item, pour sa vigne des Baleiz, 5 d. obole »[1]. En 1415, nous rencontrons, dans un titre de propriété, une autre preuve que l’Hôtel-Dieu de Dourdan avait déjà des immeubles et possédait sept arpents de terre à Luffehard (Liphard)[2].

En 1446, la vie civile et municipale de cet Hôtel-Dieu nous est révélée en même temps que le mode de son administration. D’après un acte public du 2 novembre, Jehan Gouffier et Jehan Jonnart « sont commis par justice, du consentement des bourgoys de Dourdan, à la curacion, prouision et gouuernement de l’Hostel-Dieu dudict lieu, duquel Hostel-Dieu la disposition, prouision, administration et gouuernement appartient à pourvoir aux bourgoys, manans et habitans dudict Dourdan[3]. » C’est la ville elle-même qui a la tutelle de son Hôtel-Dieu, et ce sont les citoyens assemblés, dont nous avons donné ailleurs les noms, qui avisent à son administration. Ils ont choisi deux des leurs pour cette charge que la piété de nos pères tenait en honneur et que la misère des temps, une longue anarchie, les guerres bourguignonnes et anglaises à peine finies rendaient à Dourdan délicate et difficile. Le patrimoine des pauvres n’avait point été complétement perdu durant les mauvais jours qui venaient de s’écouler, et il s’accrut sans doute des dons des fidèles disposés à la bienfaisance par l’épreuve, car il est question, en 1461, d’un contrat au sujet d’une maison sise à Dourdan avec Jehan de la Barre, seigneur « de Groslu »[4] ; en 1471, de terres de l’Hôtel-Dieu sises à Roinville et d’un pré au pont d’Allainville ; en 1473, de terres « au champtier des « Minières et à l’orme aux saignées »[5].

Ce n’est pas toujours à des commissaires laïques que la direction de l’Hôtel-Dieu est confiée par les habitants, c’est souvent aussi à un prêtre

    une note de M. Dauvigny, ancien maire de Dourdan. — Archives de l’Empire, O. 20250.

  1. Archives du Loiret. — Fonds du comté de Dourdan.
  2. Titres particuliers de la terre de Rouillon. — Inventaire des archives du marquisat de Bandeville.
  3. Archives de l’hospice. B. 1. 1. — Nous sommes heureux de pouvoir renvoyer aux pièces, grâce à un classement méthodique qui est dû au président actuel de la commission administrative.
  4. Archives de l’hospice. B. 1. 2.
  5. Titres de Rouillon.