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LES ORIGINES DE DOURDAN.

comme on aurait dit plus tard, et, suivant H. de Valois, c’est à Savigny-sur-Orge qu’il convient de reporter la scène[1].

Certains objets ont été aussi attribués à la période mérovingienne de Dourdan. En fidèle narrateur, nous devons le consigner ici. Dans un mémoire présenté, en 1851, à la Société archéologique de l’Orléanais, par le regrettable M. Duchâlais, si compétent en pareille matière, un triens mérovingien, ou tiers de sou d’or, qui venait alors d’être acquis par la Bibliothèque impériale, est décrit comme ayant dû être frappé à Dourdan. Ce triens, de 11 millimètres de diamètre, porte un buste très-primitif dont les contours sont formés par de petits globules. Autour se lit le mot dortenco. Au revers, une croix fichée sur un globe, aux branches de laquelle pendent l’alpha et l’oméga, est entourée de cette légende, qui serait le nom du monétaire : lelgvn. M. Duchâlais, tout en avouant qu’il existe en Bugei un village de Dortan, croit devoir attribuer ce triens à Dourdan, en considération de l’importance que devait avoir déjà cette bourgade, par des motifs déduits, d’après de Lescornay, des traditions que nous avons rapportées[2].

Quand on a fouillé l’emplacement de l’ancien cimetière Saint-Pierre, où sont les arbres qui ombragent l’entrée du parterre, des cercueils fort anciens ont été trouvés. Ces cercueils, dont les uns étaient en pierre, les autres en plâtre, suivant l’usage adopté pendant une longue période, contenaient des ossements, entre autres ceux d’un homme ayant une épée à ses côtés, et ceux d’une femme enterrée avec son enfant. Ils ont été malheureusement dispersés avec ce qu’ils renfermaient, et finalement brisés après avoir servi quelque temps d’auges[3]. Des antiquaires de Paris, alors informés, ont gardé un souvenir de cette découverte. Doit-on la rapporter à l’époque mérovingienne ? La supposition est fort plausible, mais elle aurait besoin d’être vérifiée.

Nous ne rechercherons pas le sort présumable du territoire de Dourdan pendant la période carlovingienne, puisque l’histoire s’est obstinée à en taire le nom. Sans doute il vit passer, au commencement du xe siècle, le torrent des pillards du Nord, les Normands de Rollon, qui dévastèrent tout le pays d’Étampes, au dire des chroniqueurs[4]. Le Chartrain était alors tour à tour possédé, disputé ou partagé par les fils des nou-

  1. Greg. Turon., lib. VI, cap. xix ; Hadr. Vales., Notitia Galliarum ; Alfr. Jacobs, Géographie de Grég. de Tours, p. 138.
  2. M. A. de Barthélémy, dans sa Notice sur les noms de lieux signalés sur les monnaies, se contente de citer l’opinion de M. Duchâlais, à propos du triens de Dourdan.
  3. Disons toutefois qu’un de ces cercueils en pierre, très-bien conservé, existe encore, rempli de terre et de fleurs, dans la cour de la maison de la rue Saint-Pierre que possède M. Isambert, et qu’habite M. Cosseron, tourneur. Quant aux cercueils de plâtre, nous en avons vainement cherché les traces.
  4. « Stampas equidem adiens Rollo totam terram adjacentem perdidit, quamplurimos captitavit. » (Guill. de Jumièges, liv. II.)