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CHAPITRE XVIII.

le réseau féodal de la contrée. Tous les vassaux et arrière-vassaux de la seigneurie de Dourdan étaient dits relever du roi à cause de sa grosse tour dudit lieu. (Voir fig. 2, 3, et 4).

Le donjon, cylindrique, intact encore aujourd’hui dans toutes ses parties essentielles et décrit par nous d’après son état actuel, mesure du bas des fossés jusqu’à la plate-forme qui repose sur la voûte du second étage par laquelle il se termine maintenant, 25 m. 80 c. de hauteur, ou 18 m. du sol de la cour. Le diamètre, hors d’œuvre, est de 13 m. 50. La base qui repose au fond du fossé va en s’élargissant à sa partie inférieure, et son diamètre, comparé à celui de la tour, donne environ 0,60 c. de fruit. Cette base est construite en grès taillés et appareillés et s’élève à peu près au niveau du sol de la rue. À partir de ce niveau, la tour est formée d’assises de pierres soigneusement taillées et jointoyées, montées avec un aplomb qui fait encore aujourd’hui l’admiration des hommes spéciaux. Le calcaire de Beauce fin et dur qui a servi à cette construction ne se rencontre pas sur les lieux et a dû être transporté de loin, peut-être des carrières qui ont pu exister à l’origine de la vallée, au dessus de Saint-Martin, à en juger par la grande analogie de ces matériaux avec ceux de la tour de Saint-Martin de Bretencourt. La pierre est demeurée intacte surtout du côté du nord et du levant.

La base du donjon n’a pas encore été explorée. Nous avons tout lieu de penser qu’elle n’est pas pleine. Une salle ou cave, voûtée en calotte de four, dans laquelle on ne pénétrait que par une sorte de regard au milieu de la salle du premier étage, existe vraisemblablement et servait de silo pour les provisions et de magasin pour les munitions. (Fig. 2. A.) La salle du premier étage était la grande salle, la salle commune. (Fig. 2, B et fig. 3). Tout ce qui est nécessaire à la vie, en temps de siége, s’y trouvait réuni. La voûte de cette salle est portée sur six fortes nervures terminées par des culs de lampe représentant des feuillages finement sculptés. La hauteur du plancher à la clef est de 8 m. 45. Bien que le diamètre de la tour soit de 13 m. 50 hors d’œuvre, le diamètre ou vide intérieur de cette salle n’est que de 6 m., les murs ayant une épaisseur de 3 m. 75, c’est à dire de plus du quart du diamètre[1]. Trois larges embrasures ou berceaux en ogive forment dans l’épaisseur du mur trois passages ou réduits qui agrandissent singulièrement la salle et se terminent par trois ouvertures sur l’extérieur. Deux de ces ouvertures se regardent. L’une (fig. 2 et 3, C) est une porte ogivale qui donne du côté du château et communiquait par une passerelle avec la cour quand le

  1. Cette proportion de l’épaisseur du mur au diamètre total indique bien la fin du règne de Philippe-Auguste. On sait que l’épaisseur des murs des donjons est en raison inverse de leur ancienneté. Les moyens de destruction se perfectionnant, les murs furent de plus en plus renforcés. La proportion, qui est souvent de moins de un huitième dans les donjons du xie ou du xiie siècle, atteint un quart pendant presque tout le règne de Philippe-Auguste, et le dépasse, souvent de beaucoup, après lui.