Page:Chronique d une ancienne ville royale Dourdan.djvu/232

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
218
CHAPITRE XVI.

On oubliait ce que coûtaient chaque année, depuis des siècles, à la paroisse, l’entretien d’un édifice ébranlé par tant de secousses, les réparations urgentes nécessitées à chaque instant par quelque nouvel accident, sans compter les procès et les frais qu’il fallait faire pour obtenir celles qui n’étaient pas à la charge de la fabrique.

Si nous rapprochons ce chiffre de 4,304 livres, total fort incomplet de la dépense annuelle, de celui de la recette estimée seulement par l’inventaire 4,033 liv. 16 sols, par suite de la suppression du droit de mesurage, nous conclurons que, sans ce droit, la fabrique eût été en déficit et que toute sa richesse consistait à équilibrer chaque année son budget.


Avant de terminer ce chapitre consacré à la paroisse de Dourdan, qu’il nous soit permis de dire un mot du grand travail qui s’opère en ce moment pour consolider son antique vaisseau et le sauver d’une ruine trop imminente. Quand nous parlons de ruine nous n’exagérons rien. On se familiarise, par l’habitude, avec les infirmités des individus et la décrépitude des édifices ; mais le temps n’en continue pas moins son œuvre rapide de destruction, et à Saint-Germain le mal est plus grand qu’on ne le suppose. Un écartement des parties hautes de la nef, un défaut d’équilibre entre la résistance des murailles latérales et la poussée des voûtes ; une tension anormale et une perte d’aplomb accusées par la déformation des arcs, l’écrasement des pierres et la rupture de tous les meneaux : telle est la plaie profonde et inquiétante qui mine, dans ses œuvres vives, la vieille et belle église de Dourdan. De nombreuses et anciennes blessures, l’action du feu, l’ébranlement du canon, les remèdes différés ou insuffisants ont amené ce résultat dont la gravité s’accroît tous les jours. Nos pères, au siècle dernier, plusieurs fois pris d’épouvante, ont fait ce qu’ils ont pu : des tirants, des chaînes, des liens de toutes sortes en sont les témoins. Ce siècle-ci a déjà tenté plusieurs restaurations sérieuses. Il y a quelques années, une somme importante, une subvention du gouvernement ont été affectées à ce qui paraissait alors le plus urgent. Jamais peut-être, le vice fondamental n’a pu être atteint.

À l’heure qu’il est, un puissant effort s’attaque au point décisif et tout le monde assiste avec impatience et sympathie au difficile travail qui se poursuit. Dirigé par l’habile architecte qui a joué sa santé et sa vie dans l’inspection générale des admirables restaurations de la cathédrale de Paris, et exécuté par un entrepreneur spécial et expérimenté, ce travail consiste à refaire à fond les voûtes. Derrière le faux plancher qui les masque, les ouvriers détruisent avec précaution et remplacent, l’un après l’autre, ces nervures, ces arêtes, ces arcs, rompus et broyés ; ils déchargent la tête de l’édifice du poids énorme de voûtes massives qu’elle