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CHAPITRE XVI.

rales et locales. Comme une des plus graves était l’abandon du marché par les cultivateurs à cause du déplorable état des chemins mal entretenus par les fermiers du mesurage, c’est de ce côté qu’on essaya de porter remède. Dès 1708, les fermiers durent s’obliger à verser chaque année 150 livres aux marguilliers qui se chargèrent directement des réparations ; 200 livres par an furent plus tard exigées pour le pavage de la place, etc.

Mais qu’étaient ces faibles subsides en présence des travaux à faire ? L’église, la ville, le duc d’Orléans, réunirent leurs efforts. On regagna, en 1725, le chiffre de 4,000 livres, mais pour la dernière fois ; la grande crise commerciale et sociale qui se préparait le fit redescendre, en 1750, à 2,125. Sauf quelques oscillations favorables de 1765 à 1775, il ne se releva plus.

Ce droit, si essentiel pour la fabrique, fut souvent pour elle la cause de graves inquiétudes, de longs et coûteux procès quand il se trouva menacé. Dans les dernières années du xviie siècle, les marguilliers, M. Deverly, greffier en chef de l’élection, avec M. Lefébure procureur du roi, et M. Le Camus, montèrent à cheval, à la prière des habitants, pour aller trouver la grande duchesse de Toscane qui s’intéressait à Dourdan, afin de la supplier « de parler à S. A. R. Monsieur, » au sujet du droit de mesurage compromis. Ils durent prendre un carrosse de louage pour aller à Saint-Mandé chez la princesse, et leur voyage dura quatre jours. Un volumineux dossier témoigne des ennuis suscités aux marguilliers par un fermier du domaine du duc d’Orléans, le sieur Pierre Félix, qui, prétextant sa mission de rentrer dans les anciens domaines aliénés de Dourdan, intime à la fabrique, en novembre 1731, d’avoir à lui céder son droit. Grand émoi des paroissiens, assemblée des habitants, nouveau voyage des marguilliers, placet présenté par le sieur de Barateau au duc d’Orléans qui promet justice. Sur cette promesse, adjudication poursuivie comme de coutume et entravée par les manœuvres frauduleuses du sieur Félix ; assemblée du 16 décembre où les habitants, désolés et inquiets, réduisent les officiers de l’église et leurs gages, de peur de s’endetter, et se décident à faire exercer le droit de mesurage par régie. En mai 1732, l’orage s’apaise et la fabrique gagne son procès devant le conseil.

Dîmes de la paroisse. — On peut dire que ce n’était point là, à proprement parler, un des revenus de la fabrique, puisque ce n’est pas elle qui le percevait ; mais la possession des dîmes imposait aux décimateurs quelques obligations qui allégeaient certaines charges paroissiales. Ces dîmes portaient spécialement sur deux produits locaux : les grains et les vins.

Pour les grains, après que le prieur de Saint-Germain en avait prélevé trois muids pour son « gros, » le prieuré de Louye percevait le huitième des grosses dîmes de tous les grains de la paroisse. Les dames de