Page:Chronique d une ancienne ville royale Dourdan.djvu/21

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
7
LES ORIGINES DE DOURDAN.

A quelque distance, dans la commune de Ponthévrard, près la ferme des Châtelliers, au chantier des Castilles, — noms caractéristiques, — il existe du carrelage en mosaïque à fleur de terre, et le savant Duchâlais en a ramassé lui-même quelques cubes avec des fragments de poterie rouge et noire[1].

Si nous nous arrêtons, à une petite lieue de Dourdan, aux ruines gallo-romaines de Sainte-Mesme, c’est que la tradition, et après elle de Lescornay, veulent trouver là le berceau de Dourdan, le point de départ de ses origines et de son nom. Nous entrons ici dans le domaine des légendes ; que ce soit avec la circonspection impartiale avec laquelle la science aborde ces témoins obscurs, naïvement invraisemblables, mais quelquefois plus confus qu’inexacts.

« Anciennement, dit de Lescornay, un seigneur du pays qui estoit qualifié Rex Dordanus, homme payen, demeuroit au lieu dict Saincte-Mesme, demie lieuë au dessus de Dourdan, et avoit une fille nommée Mesme, laquelle fit profession du christianisme à son desceu : à cause de quoy (et pour n’estre descouverte) elle se retiroit ordinairement prez d’une fontaine où elle faisoit ses secrettes prières ; mais en fin ayant esté descouverte, et n’ayant peu estre divertie[2], il luy fit trancher la teste par la main propre de Mesmin son frère, lequel (adjouste le vulgaire), ayant recogneu sa faute, fut baptisé et se relégua quelque temps dans la forest prez d’une fontaine où il fit pénitence[3]. »

Une seule chose embarrasse de Lescornay « pour ce que ces termes sont équivoques signifiants roy Dourdain et roy de Dourdan, » il ne peut dire « s’il a fait bastir Dourdan et lui aye donné son nom, ou si Dourdan estant auparavant luy, il en aye porté le nom pour ce qu’il en estoit seigneur. » Là effectivement est la difficulté. Quant à la date, nulle donnée même approximative.

Autre légende tirée de l’histoire de Saint-Rémy des Landes :

Environ vers l’an 555 saint Arnoul, filleul et disciple de saint

    lures et le bout d’une griffe d’animal finement sculptée, nous a été gracieusement offert par M. Dubois, agent voyer en chef du département de Seine-et-Oise, et fera partie du petit musée de la ville.

  1. Mém. de la Soc. arch. de l’Orléanais, tom. I, 1852, p. 198.
  2. Malgré l’offre de son père de la marier au fils du roi de Castille : Magnati Castiliæ regis filio. — (Acta sanctorum, de sancta Maxima, etc., 25 août.) — Serait-ce le seigneur des Châtelliers ?
  3. D’autres versions ajoutent qu’il devint ensuite éveque d’Orléans. — Les Bollandistes ne veulent pas reconnaître ce personnage et sont sévères pour les incertitudes et les confusions de cette légende. (V. Acta sanctorum ; Gallia christiana ; Martyrol. de Castell. ; Martyrol. de Paris, éd. de Noailles ; Brév. de Vers., etc.). Les fontaines de Sainte-Mesme et de Saint-Mesmin sont encore en vénération. L’église de Sainte-Mesme est l’objet d’un pèlerinage. (Voir à la fin du volume la Promenade dans le canton sud.)