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CHAPITRE I.

en station permanente et flanquaient en la rectifiant l’enceinte du poste primitif, et les habitations se multipliaient à l’entour.

Une étude fort curieuse serait celle des substructions qui se sont quelquefois rencontrées dans la ville, principalement aux abords de la place et du château, et dont l’époque n’a jamais été constatée. Une autre étude non moins intéressante serait celle de l’emplacement d’anciennes villas ou stations romaines qui ont dû exister le long du cours de l’Orge, au-dessus et au-dessous de Dourdan. Sans redescendre jusqu’à Saint-Évroult, où les vestiges romains sont incontestables, il est certain que des fragments de mosaïque et des restes de constructions romaines ont été trouvés au-dessous de Dourdan, près de Roinville, derrière le moulin Poissard. Dans la vallée, à l’ouest de Dourdan, est le chantier de Châtillon autrefois le Castillon qui rappelle évidemment un castellum. Bien que nous ayons une grande répulsion pour les hypothèses, l’antique hostel des Meurs, aux portes mêmes de la ville, du côté de Potelet, ne recouvrait-il pas quelque maison des champs antérieure aux barbares ou au moyen âge ? Ne pourrait-on pas penser la même chose, en remontant l’Orge, d’un terrain au-dessus de Grillon, près de Ville-Lebrun, où des traces de fossés et canaux indiquaient l’enclos d’une habitation ? Un peu plus haut, à Sainte-Mesme des recherches offriraient un véritable intérêt, à en juger par ce que le hasard a fait découvrir.

Avant d’arriver à Sainte-Mesme, à l’endroit où la route de Dourdan tourne à angle droit pour franchir, sur un pont, la rivière, arrêtons-nous à la pièce de terre qui fait suite à la route, dans la direction de Corpeaux, et d’un bout se trouve bordée par le chemin de fer, c’était l’emplacement d’une grande villa romaine. L’attention de Lescornay avait été éveillée, car il rapporte que « joignant le village de Saincte-Mesme (la prairie néantmoins entre-deux) se trouve un grand champ, dans lequel (si on fouille un pied et demy) on trouve un lict de chaux et ciment sur le terrain qui n’est que sable, et sur ce lict du carreau blanc entremeslé de noir large comme l’ongle, à la mosaïque, qui fait juger qu’en cet endroit estoit la salle de quelque somptueux palais et que quelque seigneur de grande qualité y demeuroit ; veu mesme qu’on y trouve tous les jours des pièces de marbre ouvré, et encore depuis peu une main fort bien taillée[1]. » Au commencement de ce siècle, quand M. Lebrun, duc de Plaisance et propriétaire de Sainte-Mesme, fit tirer de ce champ des pierres pour l’établissement du chemin de Ville-Lebrun à Dourdan, d’autres mosaïques furent encore retrouvées, avec des marbres et pièces de monnaie d’Antonin, Marc-Aurèle, Constantin, etc.[2].

  1. De Lescornay, p. 26.
  2. Un fragment de marbre transparent comme de l’albâtre et portant des canne-