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CHAPITRE XIV.

marchands et acheteurs de sel passèrent et repassèrent à toute heure sur le nouveau pont de pierre qui avait remplacé le pont-levis.

Officialité. — À côté de la justice laïque, la justice ecclésiastique avait aussi à Dourdan ses représentants. Depuis longtemps il y existait une officialité du grand archidiacre de Chartres où se portaient toutes les causes de cette compétence du doyenné de Rochefort. A la vérité, l’évêque de Chartres et son official contestaient ce droit à l’archidiacre, « néanmoins, disait-on alors, il en jugeait les appels en prononçant sans approuver la prétendue officialité. » Elle était composée d’un official, d’un vice-gérant, d’un promoteur, d’un greffier et d’un notaire apostolique. L’official, qui fut assez longtemps, vers la fin du siècle dernier, M. Legros, chanoine de Saint-André de Chartres, avait été choisi souvent parmi les curés des environs, parfois parmi ceux de Dourdan (Mre Antoine le Brun, 1687, etc.).

Services divers. — À ceux de nos lecteurs qui seraient curieux de connaître tous les rouages de l’ancien régime dans une ville d’élection, nous offrirons la liste des autres fonctionnaires chargés, à Dourdan, des affaires du Roi. À la suite du receveur des tailles et du receveur des gabelles, il y avait le contrôleur des vingtièmes ; — le contrôleur des actes des notaires et exploits, à la fois greffier des insinuations laïques, centième-denier, petit-scel, amortissements, nouveaux-acquêts et francs-fiefs ; — le conservateur des hypothèques ; — le directeur des aides qui était en même temps celui d’Étampes et qui avait choisi cette dernière ville pour résidence à cause des facilités de la grande route et de la poste ; — le receveur des aides qui demeurait à Dourdan, avec quatre employés ; — le receveur commis par les fermiers-généraux pour les droits de jauge et courtage, pour le transport des vins d’une généralité dans une autre ; — l’entreposeur des tabacs ; — le sous-ingénieur des ponts et chaussées[1] ; — l’expert juré à la voirie et principal conducteur des travaux du roi ; — le changeur du roi pour les monnaies.

N’oublions pas la directrice de la poste aux lettres : nos pères n’étaient pas si exigeants que nous. En plein dix-huitième siècle, ils ne recevaient leurs lettres que quatre fois la semaine, les dimanche, mardi, jeudi et samedi. Dans les dix dernières années de Louis XVI, l’extraordinaire en apportait les autres jours, mais de Paris seulement. — Pour aller à Paris, il fallait attendre le lundi ou le vendredi, jours de départ de la messagerie, à moins que l’on ne consentît à payer une chaise publique à quatre places qui allait et venait à volonté. Et quand nous parlons de messagerie et de chaise nous parlons de la période moderne du dernier siècle. Sous Louis XIV, il n’y avait pour tout service que la patache qui mettait une bonne journée à faire le chemin, et lorsque madame de Sévigné, venant de Paris, descendait à la grille du château de Bâville,

  1. C’était, en 1783, M. de Prony, l’aimable savant.