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CHAPITRE XIV.

pour un ami, ou de faire faire ses bas de soie au métier par les ouvriers de Dourdan. « Ils sont chers, mais ils sont si bons ; je vous en envoie six paires au lieu de trois ; madame l’intendante grondera, » — « Mille grâces. Je vous ferai passer la somme par monsieur un tel, à moins que vous n’aimiez mieux venir à Orléans, que je vous la gagne au piquet. » Charmants rapports, comme l’on voit ; curieuse étude de mœurs qui amusera peut être le lecteur, si elle ne l’instruit pas.

Élection. — C’était, à proprement parler, le tribunal où les élus rendaient leur justice et où se jugeaient en première instance les différends sur les tailles et les impôts, à l’exception des gabelles et des domaines du roi. Quand le roi avait, dans son conseil, arrêté le chiffre de la taille et de ses accessoires, réparti la somme totale entre les généralités, fixé le moins imposé, et fait connaître à chaque intendant la quote-part de sa province, l’intendant répartissait entre les élections, les élus entre les paroisses, et dans la paroisse, des collecteurs nommés à tour de rôle étaient tenus de percevoir, à leurs risques et périls, la somme portée au brevet.

En 1557, à la demande du duc de Guise, l’élection de Dourdan fut augmentée d’un bureau de recette et un office de receveur fut créé par lettres patentes. Jusque là les collecteurs des paroisses portaient leurs deniers au bureau de Chartres. L’élection de Dourdan ne dépendait pourtant aucunement de celle de Chartres, car elle recevait ses mandements particuliers pour les tailles, faisait ses départements et jugeait tout comme celle de Chartres. Son administration se composait d’un président, un lieutenant, deux élus, un procureur du roi, deux receveurs des tailles, un greffier en chef et deux huissiers audienciers[1].

N’oublions pas les « collecteurs. » Les collecteurs n’étaient pas des officiers, des fonctionnaires proprement dits, c’étaient des habitants, des citoyens comme les autres, choisis d’office et à tour de rôle, et qui étaient, à beaucoup d’égards, fort à plaindre. Pris parmi les individus honorables et solvables de la paroisse ou de la ville, ils avaient la mission délicate de la répartition et de la perception de la taille. On comprend, à première vue, le difficile, l’odieux même du rôle, les susceptibilités, les rancunes, les accusations de partialité, les ennuis sans nombre que suscitait au pauvre collecteur un mandat qui faisait de lui un homme puissant, il est vrai, mais presque toujours suspect et

  1. Nous mentionnerons spécialement, parmi les fonctionnaires de cette juridiction : 1578. Jehan de Lescornay, président en l’élection de Dourdan. — 1588. Denis Peschot, contrôleur. — 1590. Antoine de Chavannes, président. — 1627. Claude de Lescornay, idem. — 1652. Pierre Vedye, lieutenant particulier. — 1670. Claude Chauvreux, président. — 1718. Louis Guyot, sieur des Pavillons et de Potelet, idem. — 1757. François-Henri Roger, idem. (Achète 4,000 livres sa charge des héritiers de Louis Guyot.) — 1772. Antoine-David Aubry, idem. — 1790. Gabriel-Jacques Chardon, idem.