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CHAPITRE I.

n’y a pas fourni jusqu’à présent de spécimens caractéristiques comme armes ou ustensiles. Quelques monnaies gauloises[1] ont été toutefois rencontrées dans le sol, et la présence d’habitants sur l’emplacement de Dourdan avant la période romaine paraît un fait incontestable. Si on a pu dire avec quelque vérité que sous tout vieux château se retrouve le sol d’une forteresse romaine, et sous toute forteresse romaine un oppidum gaulois, la situation de Dourdan sur un des points extrêmes de la Carnutie, sa position qui commande une vallée fertile, l’élévation naturelle sur laquelle a été bâti son château, suffiraient presque, à priori, pour permettre d’affirmer l’existence d’un établissement antérieur à la conquête.

Quant à la période gallo-romaine, aucune incertitude n’est permise ; les témoins s’en retrouvent tous les jours et nous les indiquerons sommairement.

Des fours à poteries romaines se sont rencontrés dans toutes les parties de la ville, et des monceaux de débris de vases auxquels se sont trouvées mêlées des monnaies romaines ont maintes fois révélé d’une manière évidente l’existence, sous les empereurs, non-seulement d’un centre de population, mais d’un centre de fabrication, pour laquelle d’ailleurs l’argile et le sable de la localité étaient spécialement propres. L’abondance même de ces débris à Dourdan, leur vulgarité, ont été une des raisons du peu d’importance qu’on y a de tout temps attaché sur les lieux, et il est bien regrettable que ces restes n’aient jamais été recueillis, comparés, étudiés. Plusieurs fours anciennement mis à découvert sur le versant de la côte de Liphart ont longtemps servi d’abri aux bergers. D’autres, à l’occasion de puits, de fondations, de caves, ont été constatés dans la rue Saint-Pierre, dans la rue de Chartres, dans la rue d’Étampes, sur la place du Marché, dans la rue des Belles-Femmes, etc., et ont disparu sous les constructions ou les pavages qui les recouvrent. L’année dernière, heureusement, un de ces fours a pu être observé dans le terrain du Parterre près de la rue Grousteau, lors des fouilles de la nouvelle gendarmerie. Ce four, avec son massif circulaire, son couloir latéral, n’a pas été détruit, et existe, recouvert seulement de terre et de sable, à l’angle de droite du bâtiment des écuries, dans la cour. Au milieu et aux abords de ce four se trouvait un amas de débris de poteries qui ont été conservés[2].

  1. Une d’entre elles, monnaie de potin, ou cuivre jaune, fait partie de la collection de M. de Saulcy.
  2. Plusieurs de ces fragments, rapprochés et recollés, ont été montrés par nous aux savants antiquaires de la manufacture de Sèvres, MM. Riocreux et Millet, qui les ont examinés avec un grand intérêt. Ces débris, avec d’autres vases entiers, ou fragments d’ouvrages en terre offerts par plusieurs particuliers, vont former une modeste collection que l’administration intelligente s’occupe d’ouvrir à la mairie, en invitant la population à y déposer, comme don ou même comme prêt, tout ce qui peut rappeler l’histoire du passé de la ville.