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JURIDICTIONS. — ADMINISTRATION.

élection. L’élection était une circonscription administrative et fiscale qui correspondait à peu près à notre arrondissement moderne et formait une subdivision de la généralité. L’institution des généralités remonte à François Ier. La France était divisée en trente-deux généralités administrées par les Intendants.

L’élection de Dourdan, située, partie dans le Hurepoix, du gouvernement de l’Ile-de-France, partie dans la Beauce, du gouvernement de l’Orléanais, appartenait au diocèse de Chartres et à la généralité d’Orléans. Bornée par les élections de Paris, d’Étampes, de Pithiviers et de Chartres, elle avait, prétendaient nos pères, « la forme d’une raquette de paulme, » s’étendant vers Paris, se rétrécissant vers Orléans. Elle contenait soixante-sept paroisses, faisant ensemble environ six mille feux taillables, qu’on pouvait évaluer à 24,000 habitants (1753)[1].

Voici l’appréciation tout à la fois topographique et morale qui était faite de l’élection de Dourdan par un de ses administrateurs au milieu du xviiie siècle :

« La partie de cette élection qui est située dans le Hurepoix est coupée de montagnes et vallées qui renferment des terres à froments et seigles, plantées d’arbres fruitiers, de vignes et de bois. Les habitants de cette partie, à l’exception des laboureurs et artisans, sont, ou occupés aux travaux de la terre et vignes, ou bûcherons ; mais généralement, ils sont tous d’assez mauvais caractère, méchants, brouillons, braconniers et de mauvaise foi.

La partie qui est dans la Beauce ne contient que des terres à grains de différentes qualités et quelque peu de bois, dont la plus grande partie est nouvellement plantée. Les habitants, en général, sont laborieux mais peu industrieux, étant naturellement attachés aux anciens usages qu’ils ont reçus de leurs pères pour la culture des terres, la nourriture des bestiaux et les autres ouvrages de la campagne. Les hommes sont occupés aux travaux de la terre et quelques-uns aux apprêts des ouvrages de bonneterie de laine au tricot, qui fait l’occupation du plus grand nombre des femmes qui travaillent, partie pour les marchands de Dourdan, dans les paroisses qui en sont voisines, partie pour différents marchands de ce commerce qui y sont répandus. Ils sont généralement doux, bons, paisibles et tranquilles.

L’élection de Dourdan est une de celles du royaume qui, dans son peu d’étendue, renferme le plus de haute noblesse, et dans ses soixante-sept paroisses elle contient plus de trente châteaux possédés depuis le prince jusqu’au simple gentilhomme[2]. »

  1. D’après un mémoire manuscrit de la bibliothèque de l’Arsenal, l’élection de Dourdan ne se composait, en 1698, que de 65 paroisses et de 5,613 feux. — Voir pièce justificative XIX.
  2. Nous avons constaté, pour l’élection de Dourdan, dans l’Armorial manuscrit (généralité d’Orléans), rédigé en janvier 1702, en exécution de l’édit de novembre 1696, les