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DOURDAN SOUS LOUIS XIII ET ANNE D’AUTRICHE.

Dame de Chartres 360 livres, à prendre chaque année sur Dourdan, pour « l’entretenement du luminaire nuict et jour dans une lampe d’or estant dans le cœur de ladicte esglise[1]. » Elle avait, en outre, concédé « aux religieuses bénédictines du premier ordre du Calvaire, fondé au faubourg Saint-Germain-dez-Prez-lez-Paris, la somme de 1,000 livres, à prendre chacun an, pour partie de leur dotation, sur la recette de Dourdan, suivant contracts de juin 1627 et janvier 1630, confirmés par lettres patentes du roy. »

En 1642, Marie de Médicis meurt, et quelques mois après, en mai 1643, son fils, le roi Louis XIII, la suit dans le tombeau. <span id="Louis XIV 119" title="Ancre:Louis XIV 119" class="HighlightedAnchor">Louis XIV, enfant, devenu roi, engage Dourdan à la nouvelle reine mère, Anne d’Autriche, par déclaration du 12 octobre 1643, pour assiette et assignat de ses deniers dotaux[2].

L’aurore du grand siècle fut pleine de troubles et d’orages, et les guerres de la Fronde, où des princes turbulents tentaient leur dernière lutte contre un pouvoir bientôt absolu, ramenèrent dans Dourdan les calamités et les misères qu’un demi-siècle de paix lui avait presque fait oublier. La campagne de 1652, en plaçant le siége des hostilités à la porte de Dourdan, entraîna pour toute la contrée de funestes et douloureuses conséquences. L’armée des Princes, comme on l’appelait, qui disputait au monarque mineur l’entrée de sa capitale, et que dans une aberration de génie commandait le grand Condé, vint, au mois d’avril, se jeter à demi morte de faim dans Étampes. Toute la région voisine fut infestée de ses fourrageurs et de ceux des bandes espagnoles qui l’accompagnaient, et le pays, déjà tant de fois ruiné en sa qualité de grenier d’abondance, fut durement mis à réquisition. Dourdan et son territoire se trouvèrent presque chaque jour visités et rançonnés par les pourvoyeurs de la garnison d’Étampes. « Le 25 avril, Corbreuse fut pillé, écrivait sur un vieux registre Gilles Lenormand alors curé de cette paroisse, et tout un chacun prit la fuite à Sainte-Mesme, où Monseigneur Anne-Alexandre, comte dudit lieu, nous reçus deux mois durant. » Ce n’était encore que la moitié du mal. Une armée en appelle une autre, et

  1. Cette magnifique lampe d’or fin ciselé, pesant 23 marcs, avec dôme enrichi de peintures et de dorures, offerte en 1620 par Marie de Médicis, et dont Dourdan payait l’huile, fut volée dans la nuit du 25 juillet 1690 par un mauvais sujet de Chartres, nommé Duhan, tenant à une famille de haute bourgeoisie. Ce vol, qui excita une profonde indignation dans la ville, donna lieu à un procès criminel dont tous les incidents ont été rapportés dans le Magasin pittoresque, année 1853, p. 142, 161, 170.
  2. Quoique engagé à Anne d’Autriche, le domaine de Dourdan est néanmoins affermé, au compte du roi, à Denis Favier, pour six années consécutives, de la Saint-Jean 1646 à la Saint-Jean 1652, moyennant 5,600 livres par an. — Compte rendu par Jacques de La Loy, receveur du domaine pour le roy au bailliage de Dourdan, pour l’année courante, de la Saint-Martin d’hiver 1646 à celle de 1647. — Archives de l’Empire. Q. 1514. Nous empruntons à ce compte et nous donnons à la pièce justificative XV, la liste des noms et des gages des officiers royaux de Dourdan à cette époque.