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CHAPITRE XI.

gagne la plaine et va se faire prendre dans un village. Le roi est charmé de cette chasse facile et qu’on ne perd jamais de vue ; il retourne à Rochefort, et déclare qu’il est si enchanté de sa journée qu’il reviendra le lendemain même coucher à Dourdan.

Louis fut fidèle à sa promesse, et, pendant trois jours, le château retrouva une joyeuse animation et des fêtes depuis longtemps oubliées. Le matin, le roi allait à la messe, de là il se rendait dans un champ aux portes de la ville et faisait faire l’exercice à ses mousquetaires, et chacun admirait la bonne grâce et la tenue martiale du jeune monarque de vingt-deux ans, qui avait déjà donné sur les champs de bataille plus d’une preuve de sa valeur. Après le diner, c’est-à-dire après-midi, il se livrait à deux ou trois sortes de chasse, principalement à celle au faucon, où il excellait, et quand il rentrait d’assez bonne heure il employait la fin du jour à jouer à la longue paume. Il y jouait dans la rue de Chartres, vis-à-vis les fossés du château. Le propriétaire de la maison contiguë au puits de la Souche, en face la grosse tour, fut contraint de laisser mettre un toit pour recevoir les balles, et les habitants de la rue de Chartres durent treillager leurs fenêtres pour en préserver les vitres. Le soir, tout le voisinage retentissait des aboiements des meutes et des bruyantes fanfares des trompes, car, sous les yeux de la cour, on faisait faire aux chiens la curée de ce qui avait été pris pendant le jour.

Pour tous ces exercices, Louis XIII trouva le pays fort commode et parfaitement disposé ; il n’eut garde d’oublier le plaisir qu’il y avait goûté et revint à plusieurs reprises s’installer au château. Le nouveau et puissant ministre récemment fait cardinal, Richelieu, y poussait le jeune roi. Lui-même avait, pendant cette année 1623, acheté près de Dourdan la terre de Limours et se plaisait à l’embellir avec un luxe fastueux. La reine-mère, depuis peu réconciliée avec son fils, après les sanglantes brouilles de la régence, le voyait avec satisfaction s’amuser à Dourdan et oublier la politique. Dourdan était un des domaines de son douaire, elle y fit quelques dépenses qui plaisaient au jeune prince. C’est ainsi qu’elle contribua de ses deniers à la création d’un corps de garde[1], que Louis fit construire à la porte du château pour loger ses mousque-

    quelle deux religieux avaient été envoyés à Louye pour y célébrer le service divin, avec une pension de 200 livres chacun.

    En 1650, dom Georges Barny, abbé de Grandmont, obtint des lettres de rescision de cette transaction contre Jacques du Lac et Louis du Lac, son successeur, qui, depuis plus de quarante ans, touchaient tous les revenus et ne payaient qu’une rente de 400 livres. Il fut ordonné que le revenu de Louye serait divisé en trois lots : le premier affecté au prieur commendataire, le second aux religieux, et le troisième aux charges. Sur ce, intervint une longue procédure terminée par une transaction de 1657, portant partage des biens de Louye entre le prieur Gabriel Bailli et les religieux. — Inventaire des titres de Louye en 1696.

  1. Ce corps-de-garde, bâtiment d’un seul étage adossé aux fossés, occupait sur la place, à main gauche en entrant au château, l’emplacement sur lequel s’élève aujour-