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DOURDAN SOUS HENRI IV.

brisé et muet de son horloge, remplacé par une belle cloche, recommença à sonner les heures aux quatre coins de la vallée. Ce nouveau timbre mérite une description toute spéciale, tant à cause de son élégante facture que pour la curieuse inscription qu’il porte.

La cloche de l’horloge de l’église de Saint-Germain[1], placée dans l’une des tours du portail principal, a environ un mètre de largeur à sa base, sur une hauteur à peu près égale. Dans sa partie supérieure, elle est ornée d’un cordon de fleurs de lys très-bien modelées, de quatre à cinq centimètres de hauteur, interrompu seulement par l’intercalation des trois lettres R. H. P. en majuscules romaines.

Au-dessous de ce cordon, règne une inscription composée de six vers français, de quatre noms, de la date à laquelle la cloche fut fondue et du nom de l’ouvrier qui l’a faite. Elle est écrite en minuscules romaines, en relief, et forme une spirale autour de la cloche. La division des vers n’est point indiquée, comme nous le faisons ici. Seulement les mots sont séparés les uns des autres par un petit signe en forme d’s. Voici cette inscription fidèlement transcrite :

Av s venir s des s Bovrbons s av s finir s des s Valois s
Grande s combvstion s enflamma les s Françoys s
Tant s ie s vovs s sonnay s lors s de s malhevrevses s hevres s
La s ville s mise s à s sac s le s fev s en s ce s sainct s liev s
Maint s bovrgeois s ransonné s o s Dovrdan s priez s Diev s
Qva s vous s a s tovt s iamais s ie s les s sonne s meillevres s
Mathvrin Provsteau s i s Ivard s e s Lasne s caigers s[2]
— En s l’an s 1599 s Thomas s Movset s ma s faictt s

Au-dessus de cette inscription sont six figures de femmes, en relief, de quatre à cinq centimètres de hauteur. Quatre d’entre elles, exactement pareilles, sont debout, la tête couronnée, et tiennent un enfant dans leurs bras. Les deux autres, également debout et tenant un enfant, ont la tête environnée de trois fleurs de lys et sont montées sur une estrade de trois degrés fleurdelysés. Elles représentent sans doute la vierge Marie. L’ornementation de cette cloche est complétée par un double cordon de peu de saillie.

Cette cloche est encore celle de l’horloge et, à chaque heure, son tintement grave et puissant rappelle aux habitants de Dourdan les malheurs et les espérances de leurs pères.

Au mois de septembre 1609, une grande solennité et une procession autour de la ville, ordonnée par l’évêque de Chartres, était comme l’inauguration de la nouvelle ère de paix et un acte de réparation pour le

  1. Nous ne pouvons mieux faire que d’emprunter, pour cette description, les termes dont s’est servi M. Auguste Moutié dans une courte notice lue à la Société archéologique de Rambouillet, le 3 août 1842, insérée dans la gazette de cette ville le 18 août, et reproduite alors par presque tous les journaux.
  2. Il faut lire gaigers. — Ce sont les noms des trois marguilliers alors en charge : M. Prousteau, J. Ivard et E. Lasne.