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DOURDAN SOUS HENRI IV.

de plus triste, c’est que la peste, cette compagne inséparable de la guerre, avait envahi la ville et, se joignant à la misère, avait forcé l’autorité à prendre des mesures sévères.

Réveillée par tant de malheurs, la foi de la population se traduisait en aumônes et en dons aux églises. Un tronc pour la réparation de Saint-Germain était en permanence[1] ; mais, ce qui affligeait le plus les habitants de Dourdan, c’était de ne plus entendre leurs belles sonneries. Le métal de leurs cloches, revendiqué par l’artillerie royale, par suite d’un privilége, avait été emporté et on soupçonnait qu’il était à Chartres. Une touchante souscription s’ouvrit, des quêteurs allèrent de maison en maison : les plus riches donnèrent de l’argent, les autres de menus objets de quincaillerie et de vieilles ferrailles qu’on vendit[2]. On fit marché avec un fondeur de Paris, Thomas Mousset, qui se chargea de fabriquer trois cloches. Il établit son atelier sur la place, au pied même des clochers, et malgré la rigueur de l’hiver (1596), il modela, coula et monta les trois cloches[3].

Le peuple était avide d’entendre la parole de Dieu, et la fabrique avait recommencé à faire venir, suivant l’usage, des prédicateurs de Paris et de la province qu’elle défrayait à l’auberge du Croissant.

Le 29 mai 1596, en exécution de l’édit de septembre 1591 pour la vente et revente du domaine du roi jusqu’à deux cent mille livres, celui de Dourdan fut vendu à faculté de rachat perpétuel et adjugé par les commissaires royaux au sieur Imbert de Diesbach, gentilhomme bourgeois et conseiller de la ville et canton de Berne, colonel d’un régiment suisse, moyennant la somme de quarante un mille six cent vingt écus et

  1. Hector le Fébure accuse 59 écus pour le produit des quêtes des bassins pour ses deux années, toutes charges de messes, services et autres payées. — Les droits de fosses montent à 52 écus.
  2. « Recette en argent, 112 escus. — Vente de 227 livres de quincaillerie, à 2 sols la livre, 7 escus. — Don des parrains et marraines le jour de la bénédiction, 22 escus 13 s. » — Compte de le Fébure.
  3. « Du 28 janvier 1596, pour despence faicte à l’Autruche par Thomas Mousset, fondeur, venu pour faire le marché, 50 sols. — Journées de maçon, à 6 sols ; — de fondeur, à 5 sols. — Un tombereau de terre, 6 sols. — Fagots pour faire chauffer l’eau à destremper le mortier, à cause du froid. — Suif à 6 sols 6 d. la livre. — Chandelle à 7 sols la livre, pour travailler le soir. — 3 livres de cire pour faire l’escripture sur la cloche, 1 escu. — Pesée du métal, 1 escu. — Pour 50 livres d’étain sonnant, 3 escus. — Pour 1700 livres pesant de métail, à 7 escus les 100 livres, achetées à Paris. — Plus, pour 80 livres fournies par le fondeur. — A Thomas Mousset, pour l’accort faict avec lui pour la fonte de 2 cloches, 20 escus. — Voyage du marguillier qui a essaié de retirer le mé tail des cloches de la ville, que l’on disoit estre à Chartres. — Pour le bafroy du clocher, 17 escus. — Pour la despence occasionnée par la refonte d’une des cloches cassée par Marin le Maire, qui fut condamné à païer 20 escus pour la faire refondre. » Le total de la dépense portée à ce compte pour ledit article, se monte à environ 212 écus. — Compte d’Hector le Fébure.