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CHAPITRE X.

peu connue gravée sur une bande de fer servant de penture à la grande porte[1] :

Prions Diev de Bon (un cœur) qvil novs donne sa payx
Et Paradis a la fin. Faict 1591 ps. (une fleur de lys).

Les offices, en tout cas, ne furent pas longtemps interrompus. Les archives de l’église, qui subsistent presque complètes à dater de l’année 1591, nous donnent sur la reprise du culte une indication fort précise. Dans son compte pour 1591, le marguillier de la Vierge insère cette note : « Nota. Que depuis le dimanche, jour de Kasimodo, vingt et ungième jour d’apuril audit an, ledit rendant n’auroit rien receu, à cause que l’armée de monsieur le mareschal de Biron estoit en ceste ville de Dourdan, qui seroit venu exprès assieger le chasteau de ceste dicte ville, où estoit le capitayne Jacques, lors tenant le party de l’union, que jusques au premier jour de juing lors ensuyvant[2]. »

Les habitants, en vertu de la capitulation, purent rentrer dans leurs maisons et dans leurs biens en faisant le serment de fidélité exigé par l’ordonnance royale, mais ils furent bien longtemps avant de se relever de ce cruel assaut qui devait heureusement être un des derniers. Les cultivateurs appauvris retrouvaient leurs terres dévastées et pourtant il fallait payer l’impôt : « le roi ne perd point ses tailles. » Pour traiter cette question, et d’autres encore, l’administration municipale de Dourdan envoya comme messager maître Pierre Gonnot, à Mantes, où était Henri IV, et, n’ayant pas d’argent, emprunta à la fabrique de l’église, au susdit gager du bassin de Notre-Dame, les fonds nécessaires pour les frais du voyage[3].

M. de Garantières avait été donné à Dourdan pour gouverneur. La tranquillité se rétablissait, mais les propriétaires qui avaient participé à

  1. Cette inscription, avec son curieux rébus, sous laquelle les habitants de Dourdan passent chaque jour sans la lire, forme deux lignes de 30 centimètres de longueur.
  2. Archives de l’Église. « Compte rendu par devant Pierre Boudon, lieutenant général en l’élection, et Tristand Fanon et Jacques Fougerange élus, par honneste personne Léonard Pelault, marchand, gager du bassin Nostre-Dame, pour 1591 et 1592. » — « Le dimanche vingt et ungième jour d’apuril, le jour de Kasimodo, receu unze sols neuf deniers tornois… Item, le samedy, le dimanche et jour de la Pentecoste, le premier, deulx, troys et quatriesme jour de juing audit an, receu trente-cinq sols cinq deniers tornois. »
  3. « Baillé à Me  François Gonnot, demourant audict Dourdan, la somme de 17 escus 52 sols tornoys pour sa peyne et vacations d’avoir esté à Mentes pour les affaires de la ville dudict Dourdan, du consentement des habitans de cette dicte ville, comme il appert par acte donné de M. le bailly de Dourdan. — 15 sols à Jehan Depars, greffier du bailliage, pour ledit acte de consentement. — 2 escus ½ pour dix journées d’un homme et son cheval, qui feu baillé audict Gonnot pour aller à Mentes pour les affaires de la ville. » — Comptes de Me  Pelault, Archives de l’Église.