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DOURDAN SOUS LES GUISES.

eux-mêmes s’égaraient, et « pourtant, dit de La Chastre écrivant à la reine d’Angleterre, jamais ne vis mieulx marcher, ny faire plus grande advance. »

Nous n’accompagnerons pas cette célèbre expédition au delà du territoire de Dourdan, les détails de la bataille d’Auneau ne rentrant point dans le cadre que nous nous sommes tracé. Nous dirons seulement que les fantassins du duc de Guise, se glissant jusque dans le château par la chaussée de l’étang, tombèrent au point du jour sur les reîtres, au moment où sonnait le boute-selle, et, les traquant de toutes parts, en firent un affreux carnage. Le baron d’Othna et une vingtaine de cavaliers réussirent seuls à se sauver à la faveur du brouillard. Tout le reste fut fait prisonnier.

Cependant, à Dourdan, l’anxiété était grande ; grande fut la joie, quand, sur le soir du mardi, arriva, comme messager de la victoire, le sieur Jehan de Lescornay, qui s’était tenu, pendant l’action, aux côtés du duc de Guise, et qui venait de sa part, en toute hâte, pour faire chanter un Te Deum. L’allégresse éclata partout. Durant deux jours, on attendit impatiemment les combattants, fort occupés à charger sur des chariots tout le bagage des reîtres et à fouiller les maisons du bourg. On vit alors la plus bizarre des cavalcades et des processions. Grotesquement équipés des dépouilles des étrangers, de fantassins devenus cavaliers, les soldats ligueurs se mirent à retraverser la plaine. Une partie descendit dans la vallée de Dourdan, l’autre partie gagna directement Étampes, où le duc de Guise, après s’être reposé à Dourdan, alla les rejoindre, et termina son brillant fait d’armes en exigeant des Suisses, rassemblés en bataille dans la plaine de Chalô-Saint-Mard, le serment de retourner dans leur pays[1].

Une année s’écoula. C’est avec enthousiasme que les habitants du bailliage de Dourdan jurèrent solennellement l’édit de Chartres, qui donnait tant de puissance aux Guises et à la Ligue ; et c’est avec une profonde stupeur qu’ils apprirent de la bouche de Claude le Camus, leur député du tiers-état, les détails de la mort violente de leur trop puissant et trop ambitieux seigneur le duc de Guise, assassiné aux États-généraux de Blois par les ordres du monarque jaloux et menacé.

  1. Morin, dans son Histoire du Hurepoix, fait mention d’un officier nommé Anthoine de Carmeneau, marquis de Quaquain, tué à une rencontre près d’Auneau, en compagnie de M. de Vitry, et enterré à Dourdan. Faut-il le regarder comme une victime de cette campagne de 1587 ?