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VII


— « Oh ! cette boisson ! encore cette boisson ! » s’étaient exclamé à la fois la mère et le père de Beaumont, en se représentant le douloureux tableau que traçait de leur fils Lucas leur autre fils Yves. Pour mieux l’écouter, ils avaient tous deux brusquement interrompu leur travail, le père, le hachage de son tabac, la mère, l’épluchage de ses oignons.

À ce moment-là, ils ne se sentaient pas seulement humiliés et contristés dans leur cœur à cause de ce malheureux fils, leur mal se prolongeait jusqu’à l’âme. C’est que avec leur expérience passée de paysans, ils avaient tout de suite éprouvé une souffrance nouvelle, entrevu un autre spectacle : leur chère vieille ferme là-bas, négligée, les bestiaux mal soignés, cette belle journée d’automne perdue sans labour, les pommes de terre peut-être pas encore arrachées du sol, et Marcelle… et…