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XXI


— « Ah ! si Yves l’eut su », avait exprimé le père de Beaumont.

L’eut-il su qu’il n’aurait pas mis grand cœur à la tâche, à ce moment-là, car d’autres soucis — que depuis quelque temps il parvenait de plus en plus péniblement à déguiser sous son masque souriant de jeunesse — avaient fini par le terrasser.

Aussi, pendant qu’il pleuvait là-bas sur les moissons abandonnées, il pleuvait pareillement, et bien plus amèrement encore, à l’intérieur du laboratoire de la Poudrerie, sur les projets, les espérances, les illusions, sur tout le cœur de Yves. Et alors qu’un rayon de soleil pouvait à la rigueur suffire pour sécher le foin trempé de pluie de Lucas, le rayon d’amour qui seul peut-être eût réussi à sécher le cœur trempé de larmes de Yves, ce rayon ne brillait pas pour lui.

Oui, ses rêves évanouis, le fruit de ses travaux scientifiques enlevé et perdu, supplanté lui-même dans son emploi par un étranger, c’était bien là en