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Claude Paysan
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mère Julienne, à genoux auprès du lit de son vieux compagnon de lutte et de misères. Et elle lui pressait les mains dans les siennes avec une telle énergie de confiance qu’il semblait qu’elle dût conserver encore pour longtemps, pour toujours, le lien qui les avait tenues, unies si serrées l’une contre l’autre, toute leur longue vie de travail. En même temps ses larmes coulaient pressées dans les rides de ses joues.

Le fils Claude aussi pleurait de grosses larmes amères. La main sur les yeux, il se tenait appuyé à l’encadrement d’une fenêtre ouverte par où le même vent chaud glissait, soufflait dans ses cheveux, dans les pauvres rideaux de mousseline blanche, jusque dans les plantes, liées en faisceaux, qui séchaient suspendues aux cloisons du petit logis…

… D’en haut… oui, ce fut là que la vieille Julienne demanda le suprême secours et, après le médecin impuissant, elle appela le prêtre.

… Bientôt, de loin, à travers les arbres qui bordent, le long du Richelieu, les ondulations lentes du chemin, on entendit les dreling-dreling très doux de la clochette du sonneur. Puis après parurent le curé, les enfants, les curieux…

L’ensemble du cortège, vite grossi, était d’une majesté infinie. Des paysans, des paysannes, le chapelet à la main, l’avaient un à un rejoint le long de la route et ce fut presque une longue suite de voisins, — p’ tit Louis, Jacques, mademoiselle Fernande, — qui accompagna la marche solennelle du Viatique. Et toute la poussière soulevée par leurs pas traînants