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XXV


Un jour d’été, par un commencement de crépuscule chaud et suave, Claude qui en compagnie de son chien longeait la grève en quête de hars flexibles pour lier ses gerbes de mil, s’était arrêté tout à coup, pâle et haletant sous les arbres. Le cou tendu, penché pour mieux voir, il regardait à travers les feuilles vertes et les branches. En même temps il retenait le bruit de sa respiration.

C’est qu’il venait d’entendre un léger clapotement de vague accompagné de notes douces et somnolentes fredonnées à mi-voix dans une lenteur de rêve…

— Dieu ! Fernande…

Il ne l’avait pas dit des lèvres, mais comme son cœur et ses yeux l’avaient crié.

Et vite, d’un bond de chèvre effarouchée, il se rejetait sous les arbres, s’enfonçant à l’abri des regards. Puis tout bas, très bas, il appelait auprès de lui son chien qui faisait trop de bruit, cassait les branches. roulait les cailloux de ses grosses pattes maladroites.

… Oui, c’était Fernande : sa tête était nue et ses longs cheveux blonds flottaient sur ses épaules comme chez les petites filles. — Tout en continuant en sourdine, sans penser à rien, sa nonchalante mélopée, elle agitait machinalement un aviron et l’eau jaillissait en fines gouttelettes. Partout la rivière