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le vieux docteur

eux, des joies naïves et douces de son foyer, des jours de bonheur et de tendresses folles, maintenant si loin, à les dorloter, à les instruire, à jouer, il se rouler sur les tapis avec, à les amener partout avec orgueuil, les jours de soleil, dans ses courses rapides aux malades.

Il se souvenait de son petit Gabriel… Il s’en souvenait bien… c’était un dimanche… quelle fièvre déjà… une fièvre brûlante… ses pauvres petits yeux clos de torpeur somnolente… auprès, sa mère qui pleurait… puis encore… oh ! il se souvenait de tout, tout… et de la petite pierre discrète du cimetière, avec « Dors bien, Gabriel », rien que ça gravé dessus… Il savait bien qu’il y avait encore dans tel tiroir de meuble un amas de reliques chèrement conservées, pieusement ensevelies comme des choses mortes et longtemps baisées en pleurant par sa femme et lui, sans jamais se le dire, en secret… Ah ! son pauvre petit Gabriel…

Il se souvenait de ses livres, de ses notes, des bonnes prescriptions que lui seul avait découvertes, de ses patients, de ses courses nombreuses et pendant si longtemps renouvelées, le jour, la nuit, sous le soleil éblouis-