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vengeance de carabin

rabinades » rien que pour conter la dixième partie des terribles farces de ce boute-en-train fabuleux qui pendant toute sa vie d’étudiant utilisa la moitié de ses journées à combiner ses vilains coups.

De sorte que le lendemain de la rebuffade reçue du père Russell, quand en descendant au réfectoire, Leroux, me poussant du coude, me répéta avec un coin de lèvres sarcastique : — « Ah ! il a dit que j’étais saoul… il va me le payer. » Je n’eus que l’idée de penser : Allons, que va-t-il bien inventer ?

Mais bientôt le dîner commença, accompagné au début des grands signes de croix résignés du père Russell, et mes pensées prirent une autre direction, déroutées par le cliquetis des couteaux, les boutades de mes voisins, les apostrophes aux « garçons » et le tintamarre obligé de tout bon dîner d’étudiants qui sentent l’intervalle d’un mois complet de sérénité et d’insouciance avant leurs examens.

Les pâtés de veau de la vieille cuisinière Sophie avaient un succès colossal, mais le père Russell, qui avait simplement bu son café, n’en mangeait pas ; les petites côtelettes de mouton étaient meilleures que jamais, pourtant le père Russell n’en porta