Page:Chopin et Sand - Lettres, éd. Sydow, Colfs-Chainaye et Chainaye.djvu/97

Cette page a été validée par deux contributeurs.

[P. S.] Le docteur me dit que mon paquet de Lélia ne partira d’ici que par l’occasion d’un sien neveu qui va à Paris. Vous recevrez donc cette lettre-ci bien avant l’autre. Vous verrez peut-être aussi ma femme de chambre Amélie que j’ai mise à la porte en débarquant à Marseille, c’est une mauvaise créature qui s’entendait avec tous les fournisseurs et tous les aubergistes pour me voler. Ne la prenez pas à votre service, c’est la fausseté même. Et je l’aimais cependant ! Je faisais le ménage pour lui épargner de la peine, ces gens-là sont maudits, je commence à désespérer d’en rencontrer un seul digne d’estime et de confiance. Ne la laissez pas babiller avec vos gens, elle pervertirait le diable. En un clin d’oeil, elle s’entendait avec toute une ville pour me piller, je n’ai jamais vu tant d’impudence et de sang-froid. Malheureuse espèce ! J’ai rouvert aussi ma lettre pour vous dire que, ce matin, nous nous installons dans une maison meublée pour quelque temps. Le Docteur trouve l’air des champs encore trop vif pour Chopin et devinez où il nous a trouvé un appartement ? Chez Monsieur Joseph Marliani que j’ai vu ce matin et qui est presque aussi beau que Manoël. N’est-ce pas étrange que, d’une façon ou d’une autre, je demeure chez des Marliani ? Adressez moi donc vos lettres : à Madame Sand, rue et Hôtel de la Darse. Ci-joint une lettre ouverte pour Buloz, veuillez la lire car vous allez être investie de grandes affaires avec lui et la faire mettre tout de suite à la poste.