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résistance soient toujours féroces, le cœur est grand et la raison vient.

Nous avons fait beaucoup de projets avec le Docteur et, tous les inconvénients et avantages discutés, nous avons résolu de passer le mois de mars à Marseille vu que ce mois est variable et fantasque en tout pays et que le repos est maintenant la chose la plus désirable à notre malade. J’espère qu’en avril, il sera rétabli et capable d’aller où bon lui semblera, alors je consulterai sa fantaisie et le reconduirai à Paris s’il le désire. Je crois qu’au fond c’est le séjour qu’il aime le mieux. Mais je ne l’y laisserai retourner que bien guéri. Vous avez encore froid sans doute ; ici sauf les jours de mistral, il fait déjà chaud. Vous connaissez du reste ce beau climat. Nous allons habiter une bastide à deux pas de la sœur de Marliani. Et à propos de cela, dites moi si je dois la voir ou ne pas la voir. Il me semble qu’il y a brouille entre Manoël et sa sœur, parce que je lui ai fort peu entendu parler d’elle et qu’ils ne sont pas, je crois, en correspondance. Dites-moi comment je dois me conduire pour être agréable à votre mari [en] cette circonstance.

Adieu chère, écrivez-moi maintenant sous le couvert du Docteur. Il me sera doux d’avoir de vos nouvelles toutes fraîches. Je crois bien avoir reçu toutes vos lettres (la dernière que j’ai reçue à Barcelone était datée du 15 février) mais comme j’étais malheureuse à Majorque de les attendre un mois et jusqu’à six semaines ! […] Mille tendres hommages du malade. Les enfants baisent vos belles menottes et moi je vous serre sur mon cœur.

6 mars