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ne rentrerai-je qu’en mai ou plus tard. Remets toi-même ma lettre et le Prélude [?] à Pleyel. Écris.

Ton
F.x

37. — George Sand à la comtesse Marliani, à Paris.

Valdemosa, 15 janvier 1839.


Chère amie,

Même silence de vous, ou même impossibilité de recevoir de vos nouvelles. Je vous adresse la dernière partie de Spiridion par la famille Flayner, qui est, je crois, la voie la plus sûre. Ayez la bonté de la faire passer tout de suite à Buloz et de vous faire rembourser le port, qui ne sera pas mince et qui regarde le cher éditeur.

Nous habitons la chartreuse de Valdemosa, endroit vraiment sublime, et que j’ai à peine le temps d’admirer, tant j’ai d’occupations avec mes enfants, leurs leçons et mon travail.

Notre pauvre Chopin est toujours très faible et très souffreteux. Il fait ici des pluies dont on n’a pas d’idée ailleurs ; c’est un déluge effroyable ! l’air est si relâché, si mou, qu’on ne peut se traîner ; on est réellement malade. Heureusement Maurice se porte à ravir ; son tempérament ne craint que la gelée, chose inconnue ici. Mais le petit Chopin est bien accablé et tousse

    à ceux de l’Espagne, mais dont le rythme est plus original et plus hardi encore. […] Les boléros majorquins ont la gravité des ancêtres et point de ces grâces profanes que l’on admire en Andalousie. Hommes et femmes se tiennent les bras étendus et immobiles, les doigts roulant avec précision et continuité sur les castagnettes ».