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l’arranger facilement p[ar] ex[emple] comme Bradi dedaur. [?] Quoi qu’il en soit ne l’expose pas à des remarques de Buloz. Nous t’aimons et t’embrassons et voudrions te rendre en un instant la santé sans laquelle tu ne vis pas. Encore une fois, je te le rappelle, ne l’expose à aucun fracas. Fatiguée qu’elle est, elle se repose et me demande de t’adresser cette prière. Quels fanfarons, ces Espagnols de Paris ! Tu vois comme la poste marche ici et combien il est facile de recevoir de la correspondance ! Je n’ai pas encore mon piano. Sera-t-il là dans un an ?

Aime-moi
Chx

31. — Sainte-Beuve à Mme Juste Olivier.[1]

5 décembre 1838.

[…] Mme Sand est à Palma, dans les Baléares. J’ai vu l’autre jour d’elle la plus jolie et la plus folle lettre que l’on puisse imaginer écrite par elle à Mme Buloz, du milieu des orangers : cela donne regret vraiment de ne plus l’aimer. Elle est avec le pianiste polonais Chopin qui règne avec Mickiewicz, prenez garde à ce point là. Noble poète, il en est encore sur son compte à la foi, à l’amour, je n’en suis plus qu’à l’admiration, mais il ne faut jamais blesser l’amour.

  1. Caroline Buchat, dame Juste Olivier (1803-1879), auteur de quelques nouvelles et collaboratrice de son mari. Ce dernier, né en 1803 et mort en 1876, fut professeur d’histoire nationale à l’Académie de Lausanne. La Revue des Deux Mondes a publié de ses ouvrages. Juste Olivier et sa femme furent en correspondance suivie avec Sainte-Beuve.