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un âne pour aller à la ville, des chemins inaccessibles aux visiteurs, des cloîtres immenses et de la plus belle architecture, une église charmante, un cimetière avec un palmier et une croix de pierre comme celle du 3e acte de Robert le Diable, des parterres de buis taillé, le tout habité par nous seulement. Une vieille femme pour nous servir et le sacristain porte-clefs, intendant, jardinier, majordome, maître Jacques en un mot. J’espère que nous aurons des revenans [sic]. La porte de ma cellule donne sur un cloître énorme et quand le vent pousse la porte on entend comme une canonnade dans le couvent. Je suis dans l’enchantement et je crois que j’habiterai la cellule plus que la maison de campagne, qui est du reste éloignée de deux lieues. Vous voyez que la solitude et la poésie ne me manqueront pas. Si je ne travaille pas bien, il faudra que je sois une f… bête.

25. — Frédéric Chopin à Camile Pleyel, à Paris.

Palma, 21 novembre 1838.


Cher ami,

Je suis arrivé à Palma, pays délicieux — printemps perpétuel — oliviers, orangers, palmiers, citronniers, etc., etc. Ma santé se trouve mieux — et la vôtre ? — J’ai eu le chagrin de partir sans savoir positivement comment je vous laissais. — Ne me laissez pas longtemps si loin de vous sans savoir si vous êtes tout à fait rétabli. Dites-moi aussi quelque chose sur les vôtres.

Adieu, Chérissime, mes respects à votre Maman et mille belles choses à Mme et Mr Denoyers.

Ch.