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Tu lui dirais que je l’ai oublié en partant pour la campagne […][1]

Eug D.

18. — George Sand à Pierre Leroux à Paris.

[Paris] 26 septembre 1838.

[…] Quand viendra entre vous [entre Mallefille et Leroux] la question des femmes, dites-lui bien qu’elles n’appartiennent pas à l’homme par droit de force brutale, et qu’on ne raccommode rien en se coupant la gorge… […].[2]

19. — George Sand à la comtesse Marliani à Paris.

[Port-Vendres,[3] fin octobre ou 1.er ou 2 novembre 1838].

Chère Bonne,

Je quitte la France dans deux heures.[4] Je vous

  1. Il s’agit de l’instrument que Chopin avait fait porter 17, rue des Marais St-Germain, chez Delacroix lorsque celui-ci désira faire, dans son atelier, le portrait de George Sand et du grand pianiste réunis sur la même toile. Curieuse destinée que celle de ce tableau resté inachevé ! Il devint, après la mort de Delacroix, la propriété du peintre Constant Dutillieux. Après la disparition de celui-ci, survenue en 1865, ses héritiers n’hésitèrent pas à faire couper la toile en deux. Le portrait de George Sand est à présent à la Glyptothèque de Copenhague ; celui de Chopin — le chef-d’œuvre du portrait romantique — au Louvre après avoir appartenu au pianiste Marmontel qui l’avait entouré d’un véritable culte.
  2. La froideur de ces lignes adressées par George Sand à son ami le philosophe Pierre Leroux contraste étrangement avec les éloges à l’adresse de Mallefille contenus dans la longue lettre de la romancière à Grzymala.
  3. Les éditeurs de la « Correspondance » de George Sand, Paris 1882, indiquent en tête de cette lettre non datée « Perpignan, Novembre 1838 » ; mais c’est à Port-Vendres qu’elle fut écrite par la grande romancière deux jours avant son embarquement, et au bord de la mer. Perpignan ne s’y trouve point. Il y a d’autre part lieu de croire que cette lettre date des derniers jours d’octobre ou bien du premier — ou du deux — novembre.
  4. Après avoir passé la plus grande partie de l’été à Paris auprès de Chopin, George Sand décida celui-ci à entreprendre avec elle un assez long voyage. George ne pouvait se fixer à Paris où la jalousie de Mallefille la pour-