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vivement intéressé mais je suis bien fâché que tu aies à te plaindre et que Jeannot crache le sang. Hier, j’ai joué de l’orgue pour Nourrit ; cela te prouve que je vais mieux. Je joue parfois aussi pour moi mais je ne puis encore ni chanter, ni danser. Quant à la nouvelle concernant ma mère, il suffit — si agréable soit-elle — qu’elle provienne de Plat[er][1] pour n’être qu’un mensonge. Il commence à faire bien chaud ici et nous quitterons certainement Marseille en mai. Nous irons autre part dans le midi et j’y resterai encore quelques temps avant de vous revoir. Nous n’aurons pas de sitôt des nouvelles d’Antoine. Pourquoi écrirait-il ? Pour payer ses dettes ? Ce n’est pas la coutume en Pologne. Si Racibors[ki] a tant d’estime pour toi, c’est justement parce que tu es totalement dénué de ces habitudes polonaises. NB quand je dis polonaises, je ne parle pas de celles d’entr’elles que tu pratiques et je me comprends. Tu loges donc au No 26. À quel étage ? Y es-tu bien ? Combien payes-tu ? Ces questions m’intéressent davantage à mesure que je songe à me rapprocher de Paris car je devrai penser à y trouver un logement mais seulement lorsque j’y serai arrivé.

Grzy[mala] est-il rétabli ? Je lui ai écrit dernièrement. Je n’ai reçu aucune lettre de Pleyel à part celle qui m’est parvenue par ton intermédiaire, il y a plus, d’un mois. Écris-moi sous le même nom mais Rue et Hôtel Beauvau. Tu n’as peut-être pas compris que j’ai joué pour Nourrit ? Son corps a été ramené pour être

  1. Le comte Luis Plater (1775-1846). Le comte Plater — un vétéran de l’armée de Kosciuszko — se rendit à Paris au début de la révolution polonaise de 1830, pour y solliciter, mais en vain, l’aide de la France. Auteur de la Description du grand Duché de Posen (1841).