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pareille séparation. Mes anges[1] terminent leur nouveau roman : Gabriel. Elle va écrire aujourd’hui pendant toute la journée dans son lit. Tu sais, tu l’aimerais plus encore si tu la connaissais comme je la connais à présent.

J’imagine combien il doit être pénible pour toi de ne pouvoir sortir. Pourquoi, tout en étant ici, ne puis-je être auprès de toi ? Comme je te soignerais. Je sais à présent ce que c’est que soigner quelqu’un. Et je pense qu’il te serait agréable de l’être par moi, car tu sais combien de cœur j’ai pour toi. Notre projet de voyage à Gênes est, semble-t-il, abandonné. Probablement, nous reverrons-nous et pourrons-nous nous embrasser à la campagne, vers la mi-mai. Que le ciel t’accorde une prompte guérison. Je baise les mains de tu sais qui…

Tonx
Fryc.

[P. S. de George Sand :]

Cher, porte-toi mieux. Donne-nous de tes nouvelles. Nous sommes tristes car Charlotte [Carlotta Marliani] m’écrit ce matin que tu es toujours souffrant. Moi, je suis dans mon coup de feu. Je ne prends plus seulement le temps de me lever. Je suis en couche d’un nouveau roman qui aurait besoin de forceps. Je t’embrasse et nous t’aimons.

[P. S. de Chopin :] Mets ma lettre[2] à la poste de la Bourse. C’est la meilleure manière de la faire parvenir.

  1. Expression originale et enthousiaste d’un grand amour. Chopin estimant qu’Aurore vaut plusieurs anges, emploie le pluriel pour la désigner.
  2. Une lettre pour ses parents à Varsovie.