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combien de butors en ce monde ![1] […] Adieu, Bonne, quand vous écrivez à notre gros Manoël donnez-lui mille baisers sur ses grosses joues pour moi. Je ne parle pas du tout à son frère, c’est une si laide chose qu’une auberge ! Je vais quitter celle-ci au premier jour.

51. — Frédéric Chopin à Albert Grzymala, à Paris.

Marseille, le 27 mars [1839].

Mon Chéri, Je me sens beaucoup mieux et puis te remercier, avec d’autant plus de force des fonds envoyés. Tu sais, ton bon vouloir m’étonne mais aussi as-tu en moi un homme reconnaissant dans l’âme, sinon toujours en apparence. Et tu es si aimable que tu as accepté de garder mes meubles ! Sois assez bon aussi de payer le déménagement. Je risque cette dernière dépense ; car je sais que ce n’est pas une grosse somme.

En ce qui concerne mes revenus, que Dieu me garde ! Cet imbécile de Pl[eyel] m’a attiré des ennuis, mais qu’y faire ? Personne n’a jamais enfoncé de mur à coups de tête. Nous reverrons cet été, je te raconterai combien cela m’amuse. La mienne[2] vient de terminer sur Goethe, Byron et Mickiewicz, le plus admirable des articles. Il faut le lire si l’on veut se réjouir le cœur. Je te vois te réjouissant. Tout y est si vrai avec des aperçus grandioses, le sentiment en est si élevé par la nature même du sujet, sans artifices, ni intention

  1. Désespéré par l’accueil des Napolitains, le grand ténor français s’était en effet, donné la mort.
  2. Chopin désigne ainsi George Sand.