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amant de la future romancière. Mais l’aventure n’était pas connue et Solange passait, elle aussi, pour un enfant de Casimir.

En septembre 1836, Chopin, pendant un séjour à Dresde, se fiança à une jeune Polonaise, Marie Wodzinska, dont il s’était épris l’année précédente. Marie était la sœur d’anciens condisciples de Frédéric : Antoine, Casimir et Félix Wodzinski. C’était une charmante et rieuse jeune fille aux longs cheveux noirs, aux yeux noirs aussi.

Mme  Wodzinska — la mère — exigea que les fiançailles fussent d’abord secrètes, ce qui tourmenta et inquiéta cruellement le grand artiste. Quand Chopin rencontra George Sand en 1836, il avait le cœur plein et illuminé par son grand et sincère amour pour la jeune Polonaise.

Puis, durant l’été de 1837, les Wodzinski rompirent les fiançailles… Un immense chagrin s’empara du jeune homme, et aussi une sourde et légitime colère. Sous l’impulsion de cette révolte, il composa le sublime scherzo en si bémol mineur.

Coup de foudre. Comment employer d’autres termes pour caractériser l’impression que produisit Chopin sur l’auteur de Lélia ? On en trouvera la preuve dans le présent ouvrage. Ce sentiment ne devait d’ailleurs pas empêcher la romancière de nouer parallèlement d’autres intrigues amoureuses. Mais on peut dire qu’elle songea à Chopin dès 1836 avant d’entrer — définitivement — dans la vie du grand musicien, deux ans plus tard. Toutefois, si Aurore fut incontestablement la passion dominante de la vie de Frédéric, celui-ci sembla, au début de la