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Moi, je travaille toujours et bientôt j’aurai un nouveau manuscrit à vous envoyer ; c’est un long article critique sur Goethe, Byron et Mickiewicz comparés. Mais pour l’amour de Dieu, dites à mon étourdi de Grzymala de m’envoyer la traduction du petit volume des Dziady que je lui demande à corps et à cris et sans lequel je ne puis continuer mon travail.

Je voudrais bien savoir aussi où j’en suis avec Buloz, pour mon édition.

Je voudrais qu’elle fût finie et qu’il s’occupât d’en recommencer une autre, ainsi qu’il me l’avait promis pour cette année ; cela demanderait des explications, et je crains de vous ennuyer. Répondez-moi franchement chère amie, si avec toutes les charges et occupations qui vous accablent, vous n’avez pas de mes affaires par dessus la tête. Vous savez que de votre part rien ne peut me sembler mauvais vouloir, et que je comprends bien ce que c’est que la vie de Paris.

Je n’ai pas encore vu votre amie, je la verrai de bien bon cœur, et me ferai aussi aimable qu’il est possible à un ours comme moi de l’être, mais il faudra qu’elle me fasse un petit bout d’avance car, malgré son esprit et sa bonté que l’on vante beaucoup, on m’apprend qu’elle est légitimiste et catholique, deux choses qui peuvent bien faire qu’elle me reçoive par amitié pour vous et en surmontant un peu de répugnance.

Vous savez mon excès de réserve en ces occasions-là, orgueil si vous voulez ! mais je crains tellement de m’imposer que qui veut me voir doit venir me chercher. Vous pensez bien que s’il s’agissait d’amis à vous dans une position inférieure à la mienne, socialement