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DE L’ELBE AUX CARPATHES

tes d’usines, villes d’enfer avec leurs hauts fourneaux vomissant la flamme.

Un long arrêt à Bohumin me permet de me dégourdir les jambes sous le sombre hall de la gare et d’aller me restaurer au buffet. Un brouhaha de voix où se mêlent toutes les langues de l’Europe centrale emplit la salle. Bohumin est en effet le point de croisement de trois frontières : allemande, tchécoslovaque et polonaise.

Pendant que j’examine les types entassés dans cette tour de Babel et que j’essaie en vain de mettre une nationalité sur ces visages fatigués de voyages, mon wagon a été rattaché à l’express de Kosice. Je reprends ma place dans la voiture qui bientôt m’emporte à travers l’interminable campagne sans attraits de cette région minière. Et voici la fameuse ville aux trois noms, Teschen pour les Allemands, Cieszin pour les Polonais ou Tésin pour les Tchèques, qui obligea un jour, à la Conférence de la Paix, M. Lloyd George à apprendre la géographie.

A cheval sur une petite rivière, ou plutôt sur un torrent, l’Olza, descendu des Beskydes toutes proches, Teschen (donnons-lui ce nom sous lequel la Conférence de la Paix l’a connue) est une ville de quelque 30.000 habitants. Elle est dominée, d’un côté par la tour des Piasts, vestige d’un château dont la légende attribue la fondation à une lointaine dynastie polonaise, et de l’autre par le beffroi de son vieil hôtel de ville, tous deux juchés sur un plateau de la rive droite. La gare principale est sur la rive gauche, de même que l’usine électrique, mais tous les autres édifices d’utilité publique, hôpital, écoles, château d’eau, etc., sont sur la rive droite.

C’est une cité,_ somme toute, assez banale, un petit marché régional comme il y en a beaucoup et je ne m’y arrêterais pas, même en songeant