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DE L’ELBE AUX BALKANS


DE L’ELBE AU DANUBE


Je retrouve encore la gare Wilson et ses quais grouillants sous la lueur crue des grosses lampes électriques. Je m’installe dans un compartiment où, par hasard, je serai seul et pourrai dormir. L’express m’emportera à travers des paysages de la vallée de l’Elbe, que je connais bien pour l’avoir souvent parcourue. Je ne verrai done qu’en souvenir ses riches exploitations agricoles, ses sucreries ou ses distilleries d’alcool.

L’aube m’éveille aux confins de la Moravie, près de la frontière polonaise. Le train entre dans le grand bassin minier d’Ostrava-Karvina, dont la Pologne et la Tchécoslovaquie se sont si âprement disputé la possession il y a dix ans. De chaque côté de la voie, de hautes bâtisses en fer marquent l’entrée de puits de mines. Des tas de charbon, des wagons de houille ou de coke encombrent les gares. Des corons s’éparpillent, à droite et à gauche, à travers une campagne maussade. L’atmosphère, soudain, s’alourdit d’une brume dense faite de vapeur et de fumée. Nous sommes à Ostrava, gros centre industriel, où s’agglomèrent des villes actives, toutes trépidan-