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et qu’il peut foudroyer. Ce n’est ni en la multitude de ses soldats aguerris, ni en la noble ardeur de ses officiers, ni en son propre courage, ressource de toute l’armée, ni en ses victoires passées qu’il met sa confiance, il la place encore plus haut, dans un asile inaccessible qui est le sein de Dieu même. Il revient enfin victorieux, les yeux baissés sous la puissante main du Très-Haut, qui donne et qui ôte la victoire comme il lui plaît ; et ce qui est plus beau que tous ses triomphes, il défend qu’on le loue.

Dans cette grandeur simple et modeste, qui est au-dessus, non seulement des louanges, mais encore des événemens, puisse-t-il, Messieurs, puisse-t-il ne se confier jamais qu’en la vertu, n’écouter que la vérité, ne vouloir que la justice, être connu de ses ennemis (ce souhait comprend tout pour la félicité de l’Europe), devenir l’arbitre des nations, après avoir guéri leur jalousie, faire sentir toute sa bonté à son peuple dans une paix profonde, être long-temps les délices du genre humain, et ne régner sur les hommes que pour faire régner Dieu au-dessus de lui.

Voilà, Messieurs, ce que M. Pélisson auroit éternisé dans son Histoire. L’Académie a fourni d’autres hommes dont la voix est assez forte pour le faire entendre aux siècles les plus reculés ; mais une matière si vaste vous invite tous