Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/95

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Louis seul, pendant cinq années, remporte des victoires et fait des conquêtes de tous côtés sur cette ligue, qui se vantoit de l’accabler sans peine et de ravager nos provinces. Louis seul soutient avec toutes les marques les plus naturelles d’un cœur noble et tendre, la majesté de tous les Rois, en la personne d’un Roi indignement renversé du trône. Qui racontera ces merveilles, Messieurs, mais qui osera dépeindre Louis dans cette dernière campagne, encore plus grand par sa patience que par sa conquête. Il choisit la plus inaccessible place des Pays-Bas, il trouve un rocher escarpé, deux profondes rivières l’environnent, plusieurs places fortifiées dans une seule, au dedans une armée entière pour garnison, au dehors la face de la terre couverte de troupes innombrables d’Allemands, d’Anglois, de Hollandois, d’Espagnols sous un chef accoutumé à tout risquer dans les batailles ; la saison se dérègle ; on voit une espèce de déluge au milieu de l’été ; toute la nature semble s’opposer à Louis ; en même temps il apprend qu’une partie de sa flotte, invincible par son courage, mais accablée par le nombre de ses ennemis, a été brûlée, et il supporte l’adversité comme si elle lui étoit ordinaire ; il paroît doux et tranquille dans les difficultés, plein de ressources dans les accidens imprévus, humain envers les assiégés, jusqu’à prolonger un siége si périlleux pour épargner une ville qui lui résiste